ÉCONOMIE
Le Brésil place Dilma Rousseff à la tête de la banque des BRICS
L’ex-présidente brésilienne achèvera le mandat de son prédécesseur démissionnaire aux commandes de la banque multilatérale. Laquelle vient officiellement d’accueillir l’Égypte en son sein, alors que l’Algérie fait le forcing pour l’intégrer.
27 mars 2023 à 15:19
Mis à jour le 27 mars 2023 à 15:19

Le conseil d’administration de la New Development Bank (NDB) a élu à l’unanimité, le 24 mars, Dilma Rousseff comme présidente de l’institution cofondée en 2014 par les BRICS. Cet acronyme, pour rappel, désigne depuis 2011 le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
L’économiste de formation a été présidente du Brésil entre janvier 2011 et la fin d’août 2016, avant de quitter le pouvoir à la suite d’une procédure de destitution controversée.À LIREL’Algérie peut-elle devenir membre des BRICS ?
Dilma Rousseff prend la suite de son compatriote Marcos Troyjo, en poste depuis juillet 2020 en principe pour un mandat de cinq ans. Ce dernier, nommé par l’ex-président Jair Bolsonaro, a toutefois été poussé vers la sortie sous la pression de la nouvelle administration du président Luiz Inácio Lula da Silva, que Marcos Troyjo n’avait cessé d’étriller à la fin des années 2010.
En février, le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, candidat défait à la présidentielle de 2018, avait réclamé sa démission de la direction de la NDB.
Renforcement du développement durable
Le 10 mars , dans un communiqué annonçant la démission de Marcos Troyjo, l’institution multilatérale basée à Shanghai a salué le bilan de ce dernier. Parmi les avancées portées à son actif : le renforcement des activités de la banque dans le développement durable, ainsi que la mise en place d’une « nouvelle structure organisationnelle destinée à des opérations plus complexes et plus spécialisées dans le secteur privé, en mettant l’accent sur la gestion de portefeuilles de projets ».
Dilma Rousseff assurera le reliquat du mandat de son prédécesseur jusqu’en juillet 2025. L’un des autres pays fondateurs de la banque multilatérale assurera alors la présidence tournante de l’institution.À LIRE[Édito] Parlons Brics
Ministre des Mines et de l’Énergie, puis directrice de cabinet du président Lula durant son deuxième mandat entre 2005 et 2010, avant d’accéder à la présidence, Dilma Rousseff a notamment participé à la création de la NDB, lors du sixième sommet des BRICS, organisé en juillet 2014 à Fortaleza, au Brésil.
Plus de 30 milliards de dollars dans 90 projets
Aux commandes de la NDB, dont le portefeuille d’actifs comprend des investissements dans plus de 90 projets pour une valeur supérieure à 30 milliards de dollars, la dirigeante brésilienne devra notamment mettre en œuvre la stratégie 2022-2026 élaborée sous son prédécesseur.
En juin 2022, environ 25 % du portefeuille de la Banque était composé de projets en Chine, suivie par l’Inde (24 %), le Brésil et l’Afrique du Sud (18 % chacun), le reliquat concernant essentiellement la Russie. Ses revenus ont toutefois reculé ces dernières années, passant de 223 millions de dollars en 2019 à 104 millions de dollars en 2021, selon les derniers chiffres disponibles.À LIREUn milliard de dollars d’investissement promis par Alger en Afrique, et après ?
Dans le cadre de ce plan, la banque multilatérale prévoit entre autres « de consacrer 40 % de son financement total à des projets contribuant à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à ses effets ». Fin 2021, elle estimait que les projets soutenus par l’institution permettent d’éviter l’émission de 13 millions de tonnes de CO2 par an.
Après le Caire, Alger ?
La dirigeante brésilienne devra également mener les premières opérations de la NDB dans les nouveaux pays membres de l’institution. Cette dernière a admis officiellement l’Égypte au capital de l’institution en février dernier. Le Bangladesh et les Émirats arabes unis ont également été admis, tandis que l’Algérie continue de presser pour rejoindre l’institution.
Le 22 mars, le président Abdelmadjid Tebboune a indiqué que l’adhésion d’Alger avait l’appui de la Chine, de la Russie, de l’Afrique du Sud et du Brésil ; et a reformulé l’espoir que « la décision d’adhésion sera prise durant la prochaine réunion du groupe prévue cet été« . Ces dernières années, les réunions annuelles du conseil des gouverneurs de la NDB ont eu lieu en mai. La prochaine sera organisée à Shanghai.À LIREAlgérie : des indicateurs commerciaux dans le vert mais…
Si la NDB ne soutient des projets qu’au sein des seuls pays membres, il est à noter que l’adhésion à la NDB est ouverte à tous les pays membres de l’ONU. En mai 2022, Geoffrey Onyeama, le ministre nigérian des Affaires étrangères, et Aïssata Tall Sall, son homologue sénégalaise, avaient participé – en ligne – à la rencontre organisée par Pékin au sujet de l’expansion des BRICS.