POLITIQUE

Avec Peter Kazadi, la meilleure défense, c’est l’attaque

En RDC, très critiqué après la dispersion brutale d’une manifestation de l’opposition samedi, le gouvernement de Félix Tshisekedi tente de reprendre la main. Et pour le ministre de l’Intérieur, les coupables sont tout trouvés.

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25 mai 2023 à 12:13

Par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

Mis à jour le 25 mai 2023 à 12:13

Peter Kazadi, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur de la RDC, durant son point de presse, le 24 mai 2023. © Ministere de l’Intérieur de la RDC

La communauté internationale, la presse, certains hommes politiques et même des ONG… Accusé d’avoir fait un usage disproportionné de la force samedi 20 mai, alors que les opposants à Félix Tshisekedi avaient appelé à manifester à Kinshasa, le pouvoir est repassé à l’offensive, ce mercredi 24 mai, désignant ceux qui sont, à ses yeux, les premiers responsables de la situation. « Le gouvernement n’entend pas se laisser faire », a prévenu Peter Kazadi, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur lors d’un point presse.À LIREEn RDC, dispersion brutale de la marche de l’opposition

« [Il] n’entend ni se laisser intimider, ni se laisser faire du chantage, a-t-il insisté. Ce chantage consiste à dire : “Le pouvoir Tshisekedi est un pouvoir dictateur, qui opprime sa population, qui étouffe les libertés, qui envoie sa police commettre des bévues.” »

Des médias « tendancieux »

Il a ensuite dénoncé le traitement médiatique qui a été fait des événements de ces derniers jours :  « Ce qui est à déplorer dans cette campagne médiatique, c’est que certains professionnels des médias ont perdu le sens de l’équilibre dans la diffusion de ces informations. Ils sont devenus tendancieux. Ils n’ont montré que les bévues, du reste condamnables, […] mais jamais ils n’ont diffusé les images où les manifestants se sont attaqués aux policiers. »

Selon l’opposition, la répression de samedi a fait de nombreux blessés, et plusieurs de ses membres ont été arrêtés. « La RDC n’est pas le seul pays au monde où les forces de sécurité ne se sont pas bien comportées lors des manifestations », rétorque Peter Kazadi. On a vu ça aussi en France. Aux États-Unis, on tue des citoyens américains par des policiers, mais jamais on a cherché à mettre ça sur le dos des autorités. Mais en RDC, lorsque quelques éléments de la police se méconduisent, on accuse l’État congolais. On accable le chef de l’État et ses ministres, comme si c’était eux qui étaient descendus sur le terrain. »À LIREMoïse Katumbi ne mettra pas les pieds dans le Kongo-Central

Alors que l’opposant Moïse Katumbi a été empêché, mardi 23 mai, de se rendre dans la province du Kongo-Central, dans le cadre d’une tournée politique, le ministre de l’Intérieur lui a reproché de ne pas avoir tenu compte de l’avertissement des autorités provinciales, qui lui avaient demandé de différer son arrivée.

« Je viens d’écouter le gouverneur du Kongo-Central avec tous les services de sécurité. Il m’a laissé entendre qu’il n’a jamais refusé l’organisation des manifestations dans sa province, mais qu’il avait posé quelques préalables, notamment ajourner la tenue des manifestations de deux jours et indiquer le lieu [à cause de] l’insécurité », a dénoncé Peter Kazadi.

La thèse de la main noire

Faisant feu de tout bois, ce dernier a ensuite commenté la situation dans l’est de la RDC, s’en prenant une nouvelle fois au Rwanda, qui occupe selon lui des pans du territoire congolais « sous couvert du mouvement terroriste M23 ».  « L’insécurité de l’Est s’étend vers l’Ouest avec l’accompagnement de certains acteurs politiques qui sont même au Parlement », a-t-il dénoncé, avant de citer les violences dans le territoire de Kwamouth, dans le Maï-Ndombe. C’est dans cette province qu’est apparue une milice dénommée « Mobondo », qui sème la terreur et a étendu son rayon d’action au Kwango et au Kwilu, et même à une partie de la ville de Kinshasa.À LIREEn RDC, la revanche de Peter Kazadi

« Les renseignements à notre disposition indiquent l’implication de certaines personnalités politiques et notabilités, qui entretiennent ce conflit, intoxiquent des populations, les incitent à massacrer les autres, croyant ainsi fragiliser les institutions de l’État et saboter l’autorité de l’État », a martelé Peter Kazadi.

Contraint par la CPI

Il en déduit que dans ce contexte, un pays autre que la RDC n’aurait pas autorisé l’opposition à manifester. « Mais parce que nous avons sur notre tête une communauté internationale qui va chaque fois nous dicter la ligne à conduire pour la gestion de nos affaires internes, cette communauté internationale, avec cette presse internationale, qui distribue des points, nous sommes parfois obligés de tolérer certaines choses qui nous font mal, pour ne pas être transférés devant la Cour pénale internationale, pour ne pas être sanctionnés. »

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By Habari

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