POLITIQUE

Sprint final en RDC avant les Jeux de la francophonie

Déjà reportés à deux reprises à cause de la pandémie de Covid-19, les jeux doivent se tenir dans quelques semaines à Kinshasa. Mais toutes les infrastructures ne sont pas prêtes et le temps presse.

28 mai 2023 à 10:04

Par Stanis Bujakera Tshiamala

Mis à jour le 28 mai 2023 à 11:52

Le stade des Martyrs, à Kinshasa, doit notamment accueillir la finale de la compétition de football. Ici en 2021. © Arsene Mpiana/AFP

C’est une autre course contre la montre dans laquelle Félix Tshisekedi est engagé : celle de l’organisation des Jeux de la francophonie, qui doivent avoir lieu dans la capitale congolaise entre le 28 juillet et le 6 août.

Le 17 mai, alors que la RDC célébrait le 23e anniversaire de la chute du maréchal Mobutu, Félix Tshisekedi faisait le tour des sites destinés à accueillir compétitions et athlètes. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, qui accompagnait le chef de l’État et s’est félicité de l’état d’avancement des travaux (exécutés selon lui à 70 %). Mais la RDC doit encore faire face à plusieurs défis.À LIRERDC : les Jeux de la francophonie reportés à 2023

À l’université de Kinshasa, qui doit abriter les sportifs, il s’agit pour l’essentiel d’une mise aux normes de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Des travaux doivent encore effectués sur la tuyauterie, des clôtures doivent être érigées, les chambres doivent être aménagées, la voirie asphaltée… Sauf qu’il y a quelques jours encore, les chantiers étaient à l’arrêt faute de financement.

Stade toujours pas homologué

En ce qui concerne les sites qui recevront les compétitions sportives, seul le centre sportif de judo est prêt – il a été financé et construit par le Japon. Le stade des Martyrs, censé notamment accueillir la finale de la compétition de football, se trouve toujours sur la liste noire de la Confédération africaine de football (CAF), qui ne l’a pas homologué, et les travaux du stade Tata-Raphaël ne sont pas encore achevés.

Selon nos informations, le coût initial du volet infrastructures de ces jeux, officiellement attribués à la RDC en juillet 2019, s’élève à 234 millions de dollars américains. Mais cela n’inclut pas le volet organisationnel (sécurité, hébergement, restauration, etc.), qui se chiffre, pour sa part, à plusieurs millions de dollars. Une somme que Kinshasa va devoir avancer, mais que l’OIF lui remboursera si la transparence financière est assurée.À LIREEn RDC, le stade des Martyrs fait-il encore le poids face au stade TP-Mazembe ?

L’autre défi est d’ordre sécuritaire. L’extension du conflit, opposant des milices à l’armée congolaise à proximité de la capitale, sur les hauteurs des communes de Mongata et Maluku, constitue une source d’inquiétude, expliquent des diplomates en poste à Kinshasa, qui soulignent la proximité géographique entre l’aéroport international de Ndjili et le lieu des affrontements. Il est d’ailleurs à noter que, outre le fait que les axes concernés n’ont toujours pas été rénovés, l’insécurité pourrait contraindre les organisateurs à changer l’itinéraire de la la compétition de cyclisme, qui doit normalement s’élancer de Nsele pour rejoindre le Palais du peuple. Selon nos informations, les délégations étrangères ont à plusieurs reprises demandé à voir le plan de sécurisation élaboré par les autorités congolaises, en vain.

Kinshasa avait pourtant promis que tout serait prêt pour le 20 mai, de manière à ce que les infrastructures puissent être inspectées par les autres États membres de l’OIF, ainsi que le prévoit le règlement intérieur de l’organisation. C’est sur cette base que les pays confirment – ou non – la participation de leurs athlètes et de leurs artistes à cet événement censé se tenir tous les quatre ans.

Déjà deux reports

Initialement prévues en 2021, les jeux avaient une première fois été reportés à 2022, pandémie de Covid-19 oblige, puis à 2023. La précédente édition, qui s’était tenue en 2017, en Côte d’Ivoire, avait réuni pendant dix jours près de 3 500 participants.À LIREEn RDC, le football de « plus en plus politisé »

L’enjeu – notamment  en termes d’image – est élevé pour Félix Tshisekedi. « 2023 est une année électorale et le chef de l’État est candidat à sa propre succession. Réussir l’organisation de ces jeux lui permettra de marquer des points à quelques mois des élections », résume une source à la présidence, selon laquelle il ne serait d’ailleurs pas question d’envisager un nouveau report ni une relocalisation. « La livraison des infrastructures devrait se faire le 31 mai 2023 », a d’ailleurs promis Christophe Lutundula, le ministre congolais des Affaires étrangères. 

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By Habari

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