Présidentielle en RDC : après les discussions de Pretoria, Fayulu fera-t-il bande à part ?

Les tractations entre les représentants des principaux candidats de l’opposition que sont Denis Mukwege, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo Mapon ont permis des avancées. Mais elles ont également confirmé d’importantes divergences.

Dans les bureaux de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le 4 janvier 2019, à Kinshasa, en RDC. © Baz Ratner/REUTERS
Dans les bureaux de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le 4 janvier 2019, à Kinshasa, en RDC. © Baz Ratner/REUTERS
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Publié le 17 novembre 2023Lecture : 3 minutes.

Lové entre plusieurs lacs et un impeccable golf, le Silver Lakes Golf Estate est un domaine privé réservé aux « happy few ». C’est dans ce cadre confortable, situé à l’est de Pretoria, que des représentants des cinq des 26 candidats à la présidentielle – Denis Mukwege, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo Mapon – ont planché pendant près d’une semaine sur les contours d’une éventuelle stratégie commune.

Portrait-robot du candidat

Chaque candidat était représenté par deux personnes. Entamés le 13 novembre à l’initiative d’une ONG sud-africaine fondée par d’anciens négociateurs de la fin de l’apartheid, In Transformation Initiative (ITI), les travaux ont pris fin cinq jours plus tard, ce vendredi en fin de matinée. Ils ont débouché sur la rédaction de trois documents qui seront transmis par la facilitation sud-africaine aux différents candidats.

Le premier détaille les valeurs communes partagées par les différents camps. Le deuxième est une synthèse de leurs programmes – budgétisée à hauteur de 100 milliards de dollars et organisée autour de cinq grands piliers. Le dernier dresse le portrait-robot d’un éventuel candidat commun, comprenant une dizaine de critères et élaborant différents scénarios possibles pour l’élection présidentielle, prévue le 20 décembre.

Une « lettre de confirmation » a été signée par les représentants des candidats. Ceux-ci se sont aussi accordés sur la mise en place d’une plateforme commune, qui pourrait s’appeler « Congo Ya Makasi » (« Un Congo fort », en lingala). Son but premier est de tenter de peser sur le processus électoral, que l’opposition juge défaillant.A lire : 

Présidentielle en RDC : à Pretoria, l’opposition à l’heure du choix

En parallèle de ces pourparlers, les candidats ont multiplié les échanges à plusieurs milliers de kilomètres de Pretoria. Car si les discussions ont permis des avancées, elles ont été parasitées par les querelles qui opposent certains des candidats. Selon nos informations, Denis Mukwege, Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Matata Ponyo Mapon n’ont en effet pas digéré les dernières déclarations de Martin Fayulu et demandé quelques explications. En déplacement à Kikwit début octobre, le candidat malheureux à la dernière présidentielle avait en effet semblé se poser en candidat commun.

Fayulu en marge ?

Constatant que l’atmosphère se tendait, les médiateurs de l’ITI ont préféré prendre les devants pour ne pas parasiter l’avancée des discussions. Deux blocs se sont formés : l’un autour des représentants de Fayulu, l’autre autour de ceux des quatre autres candidats. Résultat, les premiers ont signé leur propre « lettre de confirmation ». Contactés, ni Martin Fayulu ni ses représentants n’ont répondu aux sollicitations de Jeune Afrique.

La campagne électorale débute officiellement ce dimanche 19 novembre. Elle s’étendra sur un mois. Les différents candidats parviendront-ils d’ici-là à surmonter ces querelles d’égo pour s’accorder sur une candidature commune face au président Félix Tshisekedi ? Au sein de l’opposition, certains se montrent assez pessimistes.A lire : 

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« Les discussions entre candidats sont difficiles. C’est un peu comme si le traumatisme de Genève n’avait pas été soigné. On est aujourd’hui plus proche de la constitution de deux blocs que d’une grande coalition », explique l’un des participants aux travaux de Pretoria.

Réunis à Genève en novembre 2018 à l’invitation de la fondation Kofi Annan, les sept principaux leaders de l’opposition de l’époque – Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Freddy Matungulu, Moïse Katumbi, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito – avaient désigné Martin Fayulu comme candidat à l’issue d’un vote controversé. L’accord n’avait tenu que 24 heures.

Pour éviter de répéter les erreurs du passé et tenter de rapprocher les points de vue, la formation d’un ticket entre deux candidats ou la mise en place d’une coalition portée par un homme a notamment été proposée. Le format du dialogue initié par l’ITI prévoyait que les cinq candidats se retrouvent après les premiers travaux de Pretoria pour un conclave de plusieurs jours. Cette rencontre n’est à ce jour pas encore actée. Mais, elle devrait, si elle venait à se concrétiser, avoir lieu sur le territoire congolais.

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