Afrique du Sud : Le gouvernement d’union nationale sur les rails
- Dans Politique
- 17 juin 2024
- Hubert Leclercq
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Le chef de l’ANC, Cyril Ramaphosa, rempile sous surveillance.
Cyril Ramaphosa, 71 ans, le patron de l’African National Congress (ANC), a été réélu vendredi 14 juin à la présidence de l’Afrique du Sud. Il a obtenu 283 voix, loin devant l’autre candidat Julius Malema, du parti radical de gauche EFF, qui a obtenu 44 voix.
Le 29 mai, lors de ces législatives, le parti cher à Nelson Mandela a enregistré le pire score de son histoire politique, vieille de 30 ans, avec un recul de près de 17 %, dépassant à peine les 40 % des voix, perdant du même coup 71 sièges et une majorité absolue qui était sa marque de fabrique depuis la fin de l’apartheid et l’avènement de Mandela en 1994.
L’ANC sauve donc les apparences en conservant la présidence de la République mais rien ne sera plus jamais comme avant pour ce parti et pour ces dirigeants qui vont devoir apprendre à partager le pouvoir avec l’Alliance démocratique (DA), formation libérale que nombre d’électeurs et de membres de l’ANC jugent toujours trop favorables à la défense des intérêts de la communauté blanche sud-africaine.
Sauver les apparences
Dans une volonté de ne pas donner le sentiment de convoler en justes noces avec DA, l’ANC avait annoncé sa volonté de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale qui verra l’Inkatha Freedom Party, le parti nationaliste zoulou, entrer au gouvernement après avoir apporté son soutien à la réélection de Ramaphosa.
Avec ses 40 %, l’ANC a décroché 159 sièges sur les 400 de l’Assemblée nationale sud-africaine. L’Alliance démocratique, avec ses 21,5 %, a obtenu 87 sièges, l’Inkatha et ses 3,5 % ne disposent que de 17 sièges.
C’est dire si cet attelage dispose d’une confortable majorité de 253 sièges sur les 400 que compte l‘Assemblée nationale. C’est dire aussi si l’entrée de l’Inkatha ne sert que le narratif des cadres de l’ANC car, le troisième larron de ce futur gouvernement ne sera jamais capable de faire l’appoint pour l’une ou l’autre formation à la tête de l’Afrique du Sud.
Condamner à s’entendre
Le président Cyril Ramaphosa devrait être investi officiellement ce mercredi lors d’une cérémonie à Pretoria, va donc être contraint de s’entendre avec son partenaire du DA dont le président John Steenhuisen a déjà averti : “l’Afrique du Sud a le taux de chômage le plus élevé au monde, l’un des taux de criminalité les plus élevés au monde, les circuits logistiques et les infrastructures sont dans un état de déclin avancé et la corruption est endémique : aucun d’entre nous ne doit s’attendre à ce que ces problèmes soient résolus du jour au lendemain”
Afrique du Sud : Élections générales de tous les dangers pour l’ANC
Les membres du prochain exécutif ont annoncé la signature d’un accord qui insiste sur le respect de la constitution sud-africaine et prévoit une série de points pour tendre vers le retour de la croissance qui doit être “rapide, inclusive et durable”. Le texte prévoit aussi, selon une source de l’ANC, le maintien d’un “filet de sécurité sociale”, point essentiel pour l’ANC, alors que DA est favorable aux réformes libérales. Les deux camps ont donc mis de l’eau dans leur vin pour parvenir à un accord, une nouvelle gymnastique pour le président Ramaphosa qui va devoir compter sur l’opposition farouche de l’ancien président Zuma, son ennemi politique personnel, mais aussi sur la colère de nombre des membres de son qui pointent sa responsabilité dans l’échec de la campagne et dans la perte de 71 sièges.
Les premières décisions de ce nouvel exécutif sont aussi attendues avec impatience en RDCongo où les troupes sud-africaines sont les principaux combattants face aux troupes du M23. L’AD s’était montrée hostile à ce déploiement, tandis que de nombreux membres de l’ANC dénonçaient cet envoi comme une décision personnelle de Ramaphosa. Affaibli, le président sera sous pression sur cette question. S’il devait revoir ce déploiement, le scénario de la guerre dans l’est du Congo pourrait être très différent.
