La généralisation de ma thèse sur l’incompétence et la corruption, l’image accolée à notre pays, découle de la démarche scientifique rigoureuse utilisée en statistique mathématique qu’on appelle la déduction […] Si on applique ce raisonnement, les politiciens congolais sont, par essence, des personnes profondément corrompues et irresponsables. Source : Professeur Assani.

La généralisation de la thèse de l’incompétence et de la corruptibilité de toute l’élite congolaise n’est pas le résultat d’une démarche scientifique. C’est une idée reçue. Affirmer que le Congolais (ou le noir) est par essence incompétent, corrompu et irresponsable, c’est du racisme. C’est une obscénité.

Il est vrai que de nombreux scientifiques généralisent régulièrement, à partir d’échantillons réduits, à des populations plus importantes. Il est vrai également que l’induction demeure fondamentale dans une grande partie du raisonnement scientifique. Toutefois, les scientifiques, contrairement aux profanes, sont formés pour évaluer la « généralisabilité » de leurs résultats avant d’extrapoler à partir de ceux-ci (Engel et Schutt, 2013 ; Kukull et Ganguli, 2012).

La culture de corruption que nous dénonçons en RDC n’est pas une fatalité pour les Congolais, ni pour aucun autre peuple. D’autres nations ont connu ce fléau, qui n’est qu’une conséquence de l’atomisation excessive de la population et de la faiblesse de l’État. Au fur et à mesure que l’État se consolidera et que le pays se développera, il y aura moins de corruption. Certes, le changement culturel en général est très lent (à moins d’une véritable révolution).

Il existe une importante littérature qui suggère que la corruption passe par un « cycle de vie » dans le processus de développement d’une nation : elle augmente d’abord, dans les premiers stades de développement, puis diminue, à mesure que le pays devient stable et plus développé (Huntington, 1968 (8); Bradhan, 1997 (1); Lafont, 2008 (10)). Des États-nations tels que les États-Unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont connu des niveaux très élevés de corruption dans leur histoire, avant le renforcement des États. La leçon pour la RDC, c’est que nous devons commencer par stabiliser l’État.

En 2013, l’indice de corruption la Côte d’Ivoire (22) était presque le même que celui de la RDC (21). Depuis, une amélioration très sensible est constatée pour la Côte d’Ivoire, dont l’indice en 2022 était de 45. Pendant ce temps, la RDC est en train de retrouver son niveau de la période d’avant 1997 (soit 16 – plus le chiffre est bas, plus le pays est corrompu).

Il convient en outre de noter ici que contrairement à l’affirmation de Pr Ali dans une de ses sorties, au cours de la période 1960-1965, il y avait déjà un niveau élevé de corruption qui avait accompagné la déstabilisation des institutions.

Dr Nyembo Kitenghe

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