Censurer Joseph Kabila, ou la dérive autoritaire de la RDC
Il y a deux semaines, l’ancien président de la RDC a rendu public un message magistral très suivi par la population congolaise, tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora. Ce message consiste en une analyse précise de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire, ainsi qu’en une proposition sur 12 points pour le dialogue et la résolution de la crise actuelle qui menace l’existence même du pays.

Les réactions du pouvoir en place étaient prévisibles. Celles de l’UDPS (par la voix de son secrétaire général) et des officiels de l’État congolais (par la voix du ministre des Finances), notamment, ne contribuent pas au dialogue tant attendu : elles sont venues mettre l’huile au feu, sous deux formes.
D’abord, le public fut contraint de supporter pour la énième fois des énormités, notamment des déclarations selon lesquelles Joseph Kabila – prétendument en tant que Rwandais ! – n’aurait pas le droit de parler des problèmes congolais ; ensuite, l’annonce d’une interdiction aux médias congolais et à quiconque de citer le nom de Kabila, soi-disant parce que celui-ci serait comparable à… Hitler !
Il est triste de constater que nous sommes en train de revivre l’histoire de la période la plus sombre de la féroce dictature des forces fascistes dans notre pays. En effet, durant les années 1960-61, il était même interdit de citer un nom, celui de Lumumba… et même le discours de l’indépendance était censuré ! On empêchait en outre les lumumbistes de pleurer leurs morts, victimes des persécutions par les forces pro-occidentales (les tenants illégaux du pouvoir à Léopoldville-Élisabethville et Bakwanga).
Aujourd’hui, des appels au meurtre contre Joseph Kabila et les swahiliphones sont diffusés par les membres du parti présidentiel, sans même que les auteurs de ces appels ne soient inquiétés par la justice. Par ailleurs, le silence assourdissant de certains pays occidentaux, notamment la France et la Belgique, est révélateur.
Les réactions violentes et les mesures liberticides prises contre l’appel de Joseph Kabila illustrent une dérive autoritaire alarmante, symptomatique d’un pouvoir incapable d’accepter la critique ni d’engager un véritable dialogue. Face à cette répression, la communauté nationale et internationale doit réagir. D’urgence !
Pierre Sula, Coordonnateur du CET