La Monusco à la rescousse de la présidentielle en RDC ?
À une semaine du scrutin, la commission électorale peine encore à déployer l’ensemble du matériel dans les différents bureaux de vote, faute de moyens aériens. Face à l’urgence, le gouvernement a sollicité un appui supplémentaire de la mission onusienne.


Publié le 13 décembre 2023Lecture : 3 minutes.
Le compte à rebours s’affiche en grand sur la façade de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), sur le boulevard du 30-juin, à Kinshasa : J-7 avant les élections du 20 décembre. Dans une semaine, près de 44 millions d’électeurs seront appelés à se rendre dans les 75 000 bureaux de vote répartis dans les 26 provinces du pays. Mais pourront-ils tous voter ? Depuis plusieurs jours, l’inquiétude ne cesse de croitre dans les rangs de la Ceni, du gouvernement et de la communauté internationale face aux contraintes logistiques auxquelles la commission se heurte pour acheminer le matériel électoral à temps dans les bureaux de vote.
L’option angolaise
Le retard pris dans la livraison des dernières machines à voter, dont le dernier lot est arrivé à Kinshasa le 6 décembre, l’arrivée progressive des procès-verbaux et des bulletins de vote, imprimés en Chine, le tout conjugué à des moyens aériens très limités entretiennent l’incertitude autour des conditions dans lesquelles se déroulera le scrutin prévu le 20 décembre.A lire :
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La Ceni a elle-même fait état de ces difficultés aériennes. Le 5 décembre, son président, Denis Kadima, a adressé un courrier au chef de l’État afin de solliciter « un appui logistique en termes de ressources aériennes supplémentaires afin de finaliser l’acheminement du matériel ». Pour pallier le « déficit en desserte aérienne et la pénurie de carburant », le patron de la centrale électorale a déclaré que la Ceni avait « urgemment besoin de quatre Antonov et dix hélicoptères ». Ces problèmes n’ont pas été résolus.
En réponse, l’Agence congolaise de presse avait évoqué, le 8 décembre, un accord entre les autorités congolaises et angolaises afin que Luanda fournisse de l’aide pour finaliser l’acheminement du matériel. Contactée par Jeune Afrique, la Ceni n’a pas confirmé l’existence de cet accord. Un haut cadre de la commission nous a en revanche dit « avoir lu toutes sortes de versions sur les réseaux sociaux à propos du probable rôle de l’Angola », avant de nous renvoyer vers le gouvernement. « L’Angola n’a jamais reçu de demande de soutien officielle de la RDC », affirme néanmoins une source diplomatique chargée du suivi du processus électoral.
Maintien de l’élection
Pour remédier à l’urgence, le gouvernement a adressé, le 12 décembre, une requête au Conseil de sécurité de l’ONU afin de solliciter un élargissement de l’aide que fournit déjà la Monusco. La veille, cette dernière avait été informée des difficultés de la Ceni à acheminer le matériel dans les délais.
La mission onusienne, qui a récemment finalisé les contours de son plan de « retrait accéléré », n’opère plus que dans trois provinces : l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Elle fournit déjà de l’aide à la Ceni afin de déployer le matériel électoral dans ces provinces. Dans cette correspondance estampillée « urgente », l’ambassadeur de la RDC à New York, Zénon Mukongo Ngay, a sollicité une extension de l’aide de la Monusco à d’autres provinces.A lire :
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Dans ce courrier, le représentant de Félix Tshisekedi auprès de l’ONU assure que la Ceni « reste déterminée à conduire le processus électoral jusqu’à son terme ». « Pour y arriver, elle doit finaliser dans le délai l’acheminement du matériel électoral et des équipements électoraux vers les sites à accès difficiles, et permettre ainsi l’organisation des élections sur toute l’étendue du territoire national le même jour », poursuit le diplomate.
Les doutes autour du déploiement du matériel dans les délais impartis sont également partagés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). « La plus grande inquiétude, c’est la capacité à déployer les matériels dans tous les bureaux de vote du pays », selon Mgr Donatien Nshole, porte-parole de la CENCO. De son côté, la commission électorale continue de soutenir que les élections auront bel et bien lieu le 20 décembre.