Recusons la medisance des fanatiques!

Nous venons ici récuser les charges émises par certains fanatiques contre ma personne concernant la rébellion de Kasaï et l’AFDL.
CONCERNANT LA RÉBELLION AU KASAI
Plus de deux ans après le début de cette rébellion de Kamwina Nsapu, encouragée par les pseudo-« combattants démocrates » de l’internet, le pouvoir en place n’a pas bougé. Or, on nous a montré des vidéos de scènes de cannibalisme au Kasaï, des femmes obligées de coucher avec leurs enfants, des écoles brûlées, des masses de réfugiés, etc.
Peut-on dire que le peuple congolais a gagné de cette rébellion ?
Répondant à Christopher, Ntumba vient d’écrire ceci :
« Parlant du chef coutumier Kamwina Nsapu, il [Pierre Sula] avait appuiyer l action en condamnat le chef …au nom de la paix ( selon sa definition), le kamwina devait mourrir. »
C’est un mensonge grossier que d’affirmer que j’aurais dit qu’il fallait tuer Nsapu Pandi Jean-Pierre. Bien au contraire j’avais écrit qu’il ne méritait pas la mort. Toutefois, j’étais opposé à cette rébellion encouragée par des irresponsables.
En répondant à une question de Pascal Nzogu voici ce que j’avais écrit:
« …, l’autorité coutumière est régie par une procédure qui n’a presque pas changé depuis Léopold II. En effet, à l’instar des Britanniques, qui avaient instauré le système d’administration indirecte dans beaucoup de leurs colonies, les Belges avaient prétendu adopter ce modèle, qui reconnaissait le pouvoir traditionnel. Après le décret de 1891, ceux de juin 1906, de mai 1910 et de 1933 confirmèrent de plus en plus la tendance vers le modèle britannique d’administration indirecte. Cependant, la comparaison s’arrête là. Chez les Britanniques, la légitimité venait de la structure du pouvoir traditionnel, qu’ils s’efforçaient de respecter. Tandis que dans le modèle belge, les chefs coutumiers étaient des agents de l’État et exerçaient leur autorité « conformément aux us et coutumes, pourvu qu’ils ne soient pas contraires à l’ordre public, et conformément aux lois de l’État ». Il revenait au gouverneur général ou à son représentant le droit d’investir le chef coutumier. Aucun individu ne pouvait prétendre au titre de chef coutumier sans être investi par le gouverneur général ou son représentant. En conséquence, il s’avéra que la plupart des chefs investis par les Belges furent d’anciens clercs, soldats, « boys » des blancs, plutôt que de vrais chefs traditionnels.
La loi N° 15/015 du 25 août 2015 fixant le statut des chefs coutumiers n’est pas fondamentalement différente des décrets précités de l’ère de la colonisation. Dans cette loi, il est établi entre autres l’incompatibilité entre les fonctions de chef coutumier et l’activisme politique. Pour se faire investir par le pouvoir public, le futur chef devra prouver son apolitisme ainsi que son implication dans la sauvegarde de l’unité et de la cohésion nationales. En suivant les enregistrements audio de Nsapu Pandi Jean-Pierre, on comprend bien qu’il s’était rebellé contre l’État. Mais ceci ne signifie pas qu’il méritait la mort. »
Ayant été impliqué dans la lutte armée durant ma jeunesse, je sais que la réussite de celle-ci nécessite une longue préparation. Voici mon argumentaire :
« Il est certes facile de susciter des révoltes. Mais selon les statistiques, la plupart des rébellions n’aboutissent pas à la chute des États. En cas de chute de l’État suite à des révoltes, surgit le chaos. En cas d’échec, c’est la militarisation du pouvoir et la répression.
La révolte est différente de l’insurrection, qui est une action révolutionnaire nécessitant beaucoup de préparation. La grande « rébellion » de 1963-68 avait suivi le schéma de la révolte. Résultat : près de cinq cent mille morts et l’émergence du régime Mobutu. Et ce score macabre sera mis sur le dos des Lumumbistes ; alors que plus de 80 % de morts étaient dus à la répression !
Les ténors du « Rassemblement » espèrent arriver au pouvoir en poussant à la révolte, comme les Lumumbistes l’avaient tenté par le biais du Conseil National de Libération (CNL) créé à Brazzaville le 03 Octobre 1963.
Pourquoi devrions-nous laisser une autre génération de Congolais essayer une voie qui est vouée d’avance à l’échec ? On ne construit pas un État en suscitant des révoltes. Sinon, on aboutira au chaos, à la militarisation du pouvoir, à un fleuve de sang et à une grande destruction du pays.
Quand toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour le déclenchement d’une insurrection, il faut opter pour la voie réformiste. »
Aujourd’hui, plus de deux ans après les échanges ci-dessus, nous laissons aux Congolais juger de la pertinence de notre argument contre cette rébellion inutile encouragée par des politiciens en mal de positionnement.
À PROPOS DE L’AFDL
Savoir analyser les causes de l’effondrement de l’État en RDC est nécessaire pour mieux envisager la reconstruction du pays sur des bases plus réalistes. L’AFDL n’est pas la cause de l’effondrement de la RDC, mais une de ses conséquences.
De nombreux chercheurs ont écrit sur l’échec de l’État en RDC et ses causes. En 1984, Andrew Young et Thomas Turner (que je connais personnellement), deux brillants professeurs qui connaissent bien la RDC pour y avoir enseigné à l’Unaza dans les années 1970, ont écrit un excellent livre intitulé The rise and the decline of the Zaïre State que je recommande pour lecture aux jeunes générations. Mais de nombreux autres chercheurs ont écrit aussi.
Le déclin commence à se manifester en 1974 avec l’allocation des ressources pour alimenter les allégeances, plutôt que pour l’accumulation de capital humain et physique de l’État. La dotation présidentielle s’élève à 20 % du budget de l’Etat, alors que le transfert illicite sur des comptes personnels à l’étranger est de 18 %. Erwin Blumenthal, ancien membre du directoire de la Bundesbank, chargé par le FMI d’assister les autorités zaïroises, constate avec effroi la présence d’une mafia qu’il ne peut arrêter. Il va s’enfuir sous les menaces de mort en juillet 1979. Selon une étude de la Banque mondiale, le détournement de 150 à 400 millions de dollars des revenus annuels d’exportation de cuivre et de cobalt s’opère par le biais des entreprises d’État. Durant les années 1980, l’économie du Zaïre était déjà à terre, avec une hyperinflation et la monnaie qui se dépréciait de jour à jour, mais pour des raisons liées à la Guerre froide, le pays était maintenu sous perfusion par les institutions financières de Bretton Woods.
Après la chute du Mur de Berlin, les puissances occidentales coupent leurs aides économiques et font en même temps pression pour la démocratisation. Mais à cause du vieillissement de l’outil de production et de l’absence d’institutions capables d’absorber les exigences démocratiques, le pays sombre dans l’ingouvernabilité.
La Gécamines, qui était la colonne vertébrale de l’économie, s’est complètement effondrée suite à la dégradation des infrastructures et au vieillissement des équipements, à l’effondrement de la mine Kamoto ainsi qu’à la chasse des citoyens allochtones (« non originaires ») par des autochtones au Shaba, suite à la politique ethniciste.
Cet effondrement conduira entre autres à une baisse de la production de cuivre, passant respectivement de 440 848 tonnes en 1989 à 32 412 tonnes en 1994. L’État n’avait plus les moyens, même modiques, de financer à la fois la gloutonnerie financière des barons mobutistes, l’administration officielle, l’armée, l’éducation, etc. Des villes entières, dont Kinshasa, la capitale, et Goma, furent pillées par l’armée nationale – chose inédite dans l’histoire des États-Nations. Il n’y avait plus d’État. N’oublions pas le passé.
Le lien suivant vous donnent les stattistiques de cette periode publies par la Banque Mondiale : statistiques zaire
C’est en 1994 qu’a eu lieu le génocide rwandais, qui déversa 1 million de réfugiés au Zaïre. L’AFDL n’est apparue qu’en 1996, encouragée surtout par l’administration Clinton pour mettre fin à la dictature de Mobutu, qui était en passe de se pérenniser. Sur la route de la lutte contre le régime Mobutu apparurent alors deux chemins : « Nice » et « Goma ». Je ne crois pas qu’il soit juste de qualifier ceux qui ont pris le chemin de Goma de « AFDLiens et de Rwandais », comme il serait également injuste de déshonorer la mémoire de ceux qui ont pris celui de Nice en les qualifiant de « Mobutistes ». Les deux chemins avaient le même objectif : déboulonner Mobutu. Je n’ai jamais participé de près ou de loin à la gouvernance de l’après-Mobutu par l’AFDL. Je suis néanmoins fier d’avoir donné une part de ma vie pour chasser Mobutu du pouvoir.
Je n’étais pas allé au Congo pour la recherche d’une quelconque opportunité. Car les opportunités ne manquent pas ici, aux États-Unis, pour un cadre instruit.Je suis allé au Congo avec un plan de la reconstruction nationale. Ayant constaté que l’environnement n’était pas propice pour sa réalisation, je suis revenu aux États-Unis fin juillet 1997.