POLITIQUE

Présidentielle en RDC : désormais candidat, Moïse Katumbi va devoir faire des choix

Le parti de l’ex-gouverneur du Katanga, Ensemble pour la République, se réunit en congrès à compter de ce lundi. Va-t-il s’allier avec Joseph Kabila ? Quelle sera sa stratégie face à Félix Tshisekedi ? Les questions sont nombreuses et il va falloir leur apporter des réponses.

19 décembre 2022 à 11:24

Par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

Mis à jour le 19 décembre 2022 à 11:24

Moïse Katumbi à Paris, en juillet 2016. © Vincent Fournier/JA

Cela ne faisait plus beaucoup de doute, mais c’est désormais officiel : Moïse Katumbi a annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle, fixée au 20 décembre 2023. « Guidé par la volonté de servir les Congolais, j’ai décidé de quitter l’Union sacrée [la coalition qui s’est formée autour du chef de l’État] et de présenter ma candidature à l’élection présidentielle », a-t-il écrit, le 17 décembre, sur son compte Twitter. Sur les réseaux sociaux, l’ancien gouverneur de Katanga, opposant à Joseph Kabila lorsqu’il était au pouvoir et donc désormais à Félix Tshisekedi, dit rêver de bâtir un « État juste, une République exemplaire, où chacun pourra vivre en sécurité et dans la dignité, par le fruit de son travail ».À LIRERDC : quand Joseph Kabila et Moïse Katumbi hésitent sur la stratégie à adopter

Cette candidature vient allonger la liste de ceux qui ont déjà fait part de leur intention de briguer la magistrature suprême. Elle s’ajoute à celle du président sortant, mais aussi à celles de Jean-Marc Kabund, l’ancien patron du parti présidentiel aujourd’hui en délicatesse avec la justice, de l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo, ou encore de Martin Fayulu, qui continue de revendiquer la victoire au scrutin de 2018, auquel il est arrivé deuxième selon les résultats proclamés par la commission électorale.

NOUS AVONS FORMÉ UNE COALITION AVEC FÉLIX TSHISEKEDI AU SEIN DE L’UNION SACRÉE, ET LES CHOSES N’ONT PAS BIEN MARCHÉ

Cette candidature de Moïse Katumbi a surtout été annoncée alors que s’ouvre ce lundi 19 décembre à Lubumbashi le congrès de son parti, Ensemble pour la République, lancé en décembre 2019. Trois années ponctuées de hauts et de bas, concède l’un de ses cadres, en charge de l’organisation du congrès. « Nous allons d’abord évaluer le chemin parcouru depuis 2019, voir ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné, et mettre à jour notre programme au regard des réalités d’aujourd’hui, explique-t-il. Nous allons aussi voir comment aborder les élections à venir, et notamment avec quels partenaires politiques. »

À sa création, Ensemble pour la République était un bloc uni, abonde l’un de ses responsables, « mais de l’eau a coulé sous les ponts ». « Nous avons formé une coalition avec Félix Tshisekedi au sein de l’Union sacrée, et les choses n’ont pas bien marché », précise notre source.

Que vont devenir les ministres d’Ensemble ?

Moïse Katumbi compte actuellement cinq ministres au sein du gouvernement, dont plusieurs occupent des postes clés. C’est le cas de Christophe Lutundula, aux Affaires étrangères, de Christian Mwando Nsimba à l’Environnement, de Chérubin Okende aux Transports ou encore de Muhindo Nzangi à l’Enseignement supérieur et universitaire. « Le congrès va donc devoir se prononcer sur l’avenir de ses membres au sein de l’exécutif national », poursuit notre interlocuteur.

Christophe Lutundula et Muhindo Nzangi ont déjà déclaré qu’ils soutiendraient la candidature de Félix Tshisekedi à un second mandat. Muhindo Nzangi a même déjà créé son propre parti politique. « Pour le moment, nous avons Christian Mwando Nsimba et Chérubin Okende, qui ont promis de quitter le gouvernement pour suivre Moïse Katumbi. Mais encore faut-il qu’ils tiennent parole », relève une source proche de ce dernier.

Réconcilié avec Joseph Kabila il y a sept mois à Lubumbashi, Moïse Katumbi va-t-il faire le choix d’une alliance avec son ancien ennemi ? L’ex-président avait eu des mots très durs à son égard, allant jusqu’à la traiter de « judas ». C’est l’une des grandes questions que ce congrès devrait trancher, tout comme il devra étudier la possibilité d’une alliance avec Martin Fayulu – le camp Katumbi rêve de décrocher son soutien pour la présidentielle.À LIRERDC : en froid avec Tshisekedi, Katumbi accuse l’ANR de lui avoir refusé le survol du territoire

L’ancien gouverneur du Katanga va aussi devoir resserrer les rangs, alors qu’un grand nombre de ses députés a fait défection ces derniers mois. C’est le cas des élus se réclamant désormais du Courant révolutionnaire progressiste, qui ont dit rallier Félix Tshisekedi. « Ceux qui partent laissent de la place aux autres », a minimisé un responsable proche de Moïse Katumbi.

Ces derniers jours, plusieurs députés de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti présidentiel) ou membres de l’entourage du chef de l’État ont appelé à l’invalidation de la candidature de Katumbi, au motif qu’il détiendrait d’autres nationalités que la nationalité congolaise, qui reste exclusive. « Ce congrès devra nous permettre de mettre en place des stratégies juridiques, diplomatiques, politiques et médiatiques pour faire face aux défis à venir qui ne seront pas différents de ceux vécus sous Kabila », conclut un cadre du parti.

By Habari

S’abonner
Notification pour
guest

0 Comments
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x