SOCIÉTÉ
Pourquoi le prochain match des Léopards en RDC vire au casse-tête politique
La RDC va affronter la Mauritanie à deux reprises en mars, en matchs de qualification pour la CAN 2024. Mais le choix du stade où les Léopards doivent accueillir les Mourabitounes tourne à l’imbroglio. Explications.
22 février 2023 à 17:40
Mis à jour le 22 février 2023 à 23:20

Déjà absente de la dernière finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun en 2022, la RDC pourrait bien manquer celle programmée en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024 si elle négocie mal ses deux matchs face à la Mauritanie en mars.À LIREEn RDC, l’ANR joue-t-elle contre le TP-Mazembe ?
Déjà battue par le Gabon à Kinshasa (0-1) et le Soudan (1-2) en juin dernier, la sélection congolaise n’a plus vraiment le droit à l’erreur. Mais cette double confrontation face au leader du Groupe I est précédée d’un imbroglio dont les acteurs de ce simple rendez-vous sportif se seraient bien passé.
La proposition de Moïse Katumbi
Il y a quelques semaines, la Confédération africaine de football (CAF), dirigée par Patrice Motsepe, a informé la Fédération congolaise de football (Fecofa) que le stade des Martyrs à Kinshasa n’était plus homologué et ne pouvait, par conséquent, pas recevoir de rencontres internationales.
Cette décision a obligé trois des quatre clubs congolais toujours engagés dans les Coupes d’Afrique (Ligue des Champions et Coupe de la CAF) à jouer leurs matchs à domicile, sur terrain neutre. Ainsi, l’AS Vita Club Kinshasa (Ligue des Champions) reçoit à Brazzaville, le DC Motema Pembe à Luanda tandis que Saint-Elopi Lupopo, basé à Lubumbashi, s’est exilé à Ndola, en Zambie.À LIREEn RDC, le stade des Martyrs fait-il encore le poids face au stade TP-Mazembe ?
Moïse Katumbi, le président du TP Mazembe qui dispute la Coupe de la CAF, avait proposé à ces trois clubs de venir jouer au stade de Kamalondo (18 500 places), le seul du pays aux normes Fifa et CAF. Mais l’homme d’affaires, candidat à la prochaine présidentielle, avait essuyé trois refus polis de la part de ses homologues, tous réputés alliés de Félix Tshisekedi, l’actuel chef de l’État.
L’option Lubumbashi
Depuis, la fédération cherche une pelouse pour recevoir la Mauritanie. Il fut question du stade Japoma à Douala et l’instance avait volontiers laissé croire à l’opinion publique que Sébastien Desabre, le sélectionneur français des Léopards nommé en août dernier, était à l’origine de cette demande. Mais le technicien avait pris la précaution d’envoyer un mail à la Fecofa en lui précisant que son choix numéro un était bien Lubumbashi, suivi d’un second choix à l’étranger, moderne et doté d’une pelouse naturelle comme celui de Douala.À LIRERDC : entre Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi, la course à la présidentielle est lancée
Embarrassée par la mise au point de Desabre, la Fecofa envisage désormais de sanctionner Belge Sitatala, son secrétaire général, qui pourrait faire office de fusible dans cette affaire. « Les gens ont bien compris que Desabre n’y était pour rien, et que tout est une histoire politique. La Fecofa veut se défaire de ce dossier encombrant, et elle a demandé au ministère des Sports de décider de l’endroit où la RDC accueillera la Mauritanie. Mais cela va se jouer en haut lieu, donc à la présidence. La CAF a laissé jusqu’au 22 février à la Fecofa pour communiquer son choix », explique une source qui a ses entrées à la fédération.
Le ministre face à un dilemme
Seulement, du côté du palais et du ministère des Sports, l’idée de jouer ce match dans le fief de Moïse Katumbi n’enchante guère… « Ils savent très bien que des slogans hostiles au président pourraient être entendus, comme lors de la visite du pape François à Kinshasa, le 2 février dernier, au stade des Martyrs », intervient, un brin ironique, un dirigeant d’un club congolais.
Aujourd’hui, le pouvoir a deux options : décider que le match entre la RDC et la Mauritanie aura lieu à Lubumbashi, ou opter pour le stade Alphonse Massemba-Débat de Brazzaville, sur l’autre rive du fleuve. Une perspective qui n’emballe pas Desabre et ses joueurs, qui tiennent absolument à évoluer devant leurs supporters.
Certains d’entre eux commencent même à faire savoir qu’ils refuseraient de rejoindre la sélection si celle-ci devait s’exiler. Tout ce que la RDC compte d’amateurs de football est désormais suspendu à l’annonce du ministre des Sports, Serge Nkonde…