POLITIQUE
Choix des candidats, sanctions… Félix Tshisekedi réglemente l’Union sacrée
En RDC, à neuf mois de l’élection présidentielle, le chef de l’État continue de mettre de l’ordre dans les rangs de sa coalition politique. En février, il a mis en place les statuts de l’Union sacrée, qui n’ont pas été rendus publics. JA a eu accès à ce document.
3 avril 2023 à 16:38
Par Jeune Afrique
Mis à jour le 3 avril 2023 à 16:38

Plus de deux ans après sa création en décembre 2020, dans la foulée de la rupture entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, l’Union sacrée de la nation (USN), la coalition présidentielle, s’est dotée de sa toute première charte. Le texte, daté de février dernier, semble taillé sur mesure pour accompagner la candidature du président sortant.
« Task force électorale »
Sa promulgation intervient en effet à onze mois des élections lors desquelles ce dernier briguera un second mandat. Il fixe à la fois la structure interne de l’USN et les règles qui la régissent. Cette coalition poursuit « un seul objectif » : « la matérialisation de la vision de Félix Tshisekedi ».À LIREKatumbi, Fayulu, Mukwege… Face à Félix Tshisekedi, un « Genève bis » est-il possible ?
Sur le plan politique, la plateforme se voit attribuer plusieurs missions, dont celle « d’assurer la victoire du candidat [qu’elle aura désigné] et lui assurer une majorité parlementaire stable et cohérente ». Pour y parvenir, l’USN devra, entre autres, « constituer une task force électorale pour obtenir le plus de voix possible à travers tout le pays ». Les partis signataires de cette charte ont aussi « l’obligation de mettre en commun les ressources politiques et stratégiques pour garantir la victoire de l’Union sacrée ».
Marge de manœuvre réduite
Coalition pléthorique mais peu structurée, l’USN semble ainsi mettre de l’ordre dans ses rangs et prendre la main sur plusieurs prérogatives revenant aux partis membres qui, jusque-là, bénéficiaient de plus de marge de manœuvre, notamment sur la nomination des candidats pour les futures échéances électorales. Les signataires de la charte devront désormais « accepter la liste des candidats retenus par les organes compétents de l’USN, et la soutenir ».À LIREEn RDC, Félix Tshisekedi peut-il compter sur l’UDPS ?
Ils ont aussi l’obligation de « défendre le leadership de la haute autorité politique [Félix Tshisekedi] », de « contribuer financièrement au fonctionnement de la plateforme » et de « s’abstenir de toute initiative susceptible de compromettre la réalisation de la vision du chef de l’État ».
Du simple avertissement… à l’exclusion
En cas de non-respect de ces engagements, la charte prévoit toute une gamme de sanctions allant du simple avertissement à l’exclusion, une mesure extrême que seul Félix Tshisekedi est à même de prononcer. Le type d’« infractions » pouvant mener à ces sanctions est aussi vaste que flou.
Parmi les fautes disciplinaires citées, figurent « le fait d’entreprendre des initiatives institutionnelles et médiatiques isolées susceptibles de créer la confusion et/ou de compromettre l’atteinte des objectifs », « l’incohérence politique dans le comportement général », ou encore, « toute déclaration de nature à remettre en cause les actions de l’USN ou tout comportement de nature à nuire à sa haute autorité politique ». Selon ce texte, chaque membre de l’Union sacrée « peut dénoncer une faute disciplinaire » en saisissant le présidium, l’un des organes de la plateforme.À LIREKamerhe, Bemba, Kabuya… Comment l’Union sacrée se structure avant la présidentielle
Ce dernier est composé de Félix Tshisekedi, des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Modeste Bahati Lukwebo et Christophe Mboso, du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge et de trois patrons de parti : Jean-Pierre Bemba (Mouvement de libération du Congo, MLC), Vital Kamerhe (Union pour la nation congolaise, UNC) et Augustin Kabuya (Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS). L’organe suprême au sein de la coalition est le Congrès. C’est notamment lui qui « supervise la participation des partis politiques et des personnalités membres aux échéances électorales ».