POLITIQUE
En RDC, Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba font allégeance à Félix Tshisekedi
Nouvellement nommés au gouvernement, les patrons de l’UNC et du MLC font partie des – nombreuses – personnalités politiques qui ont signé la charte de l’Union sacrée, s’engageant à soutenir le président sortant à la prochaine présidentielle.
6 avril 2023 à 11:46
Mis à jour le 6 avril 2023 à 11:49

Comme un air de déjà-vu. Ce mercredi 5 avril, un à un, ministres, parlementaires, acteurs politiques et membres de la société civile se sont succédé à la tribune aménagée à l’hôtel Pulmann, à Kinshasa, pour signer la charte de l’Union sacrée et s’engager derrière une seule et même candidature à la présidentielle de décembre prochain : celle de Félix Tshisekedi.
En 2018, au même endroit et à quelques mois d’une autre élection à la magistrature suprême, c’est le Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme constituée autour de Joseph Kabila, qui avait organisé la même cérémonie d’allégeance. À la différence près que c’est au président de l’époque et à ses choix que les uns et les autres avaient promis fidélité – avec le succès que l’on sait.À LIREEn RDC, la spectaculaire remontada de Vital Kamerhe
Créée en 2021 par Félix Tshisekedi alors que celui-ci venait de rompre brutalement son alliance avec le FCC et avec son prédécesseur au sommet de l’État, puisant allègrement parmi ses soutiens, l’Union sacrée rêvait depuis de se doter de règles acceptées par tous et de se muer en une plateforme électorale, comme pour mieux faire oublier cette désorganisation qui, des mois durant, lui a été reprochée. C’est désormais chose faite.
« Gérer les problèmes entre nous »
« Nous avons l’agréable devoir de respecter et de nous conduire conformément aux règles de la charte », a insisté Christophe Mboso, le président de l’Assemblée nationale, précisant qu’il attendait de l’Union sacrée « une vision basée sur les résultats dans l’intérêt supérieur de la nation ». Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti présidentiel) a, quant à lui, voulu anticiper sur les tensions qui finiront fatalement par apparaître. « Chaque œuvre humaine ne manque jamais d’imperfection, a-t-il lancé. Mais ayons la sagesse de gérer les problèmes entre nous au lieu de le faire en public. Privilégions le dialogue parmi nous, ayons l’esprit du pardon. »À LIREEn RDC, Christophe Mboso bat le rappel des troupes
En termes organisationnels, l’Union sacrée sera structurée autour de plusieurs organes, dont un Congrès, une haute autorité politique, une conférence des présidents des partis et regroupements politiques et surtout, un présidium.
L’objectif, et c’est désormais très clair, est d’assurer la réélection du président sortant, tout en lui offrant l’appui d’une majorité parlementaire « stable » et « cohérente ». Cette nouvelle organisation est d’ailleurs taillée sur mesure pour Félix Tshisekedi : lui seul est mis en avant, tandis que les autres piliers de l’Union sacrée se partagent les responsabilités – et se neutralisent – au sein notamment du présidium.
Outre le chef de l’État, ce dernier regroupe les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Modeste Bahati Lukwebo et Christophe Mboso, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, et les trois poids lourds la politique congolaise que sont Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe.
Entrée fracassante
Le patron du Mouvement de libération du Congo (MLC) et celui de l’Union pour la nation congolaise (UNC) viennent de faire une entrée fracassante au sein du gouvernement. Ils font partie de ceux qui ont signé la nouvelle charte de l’Union sacrée, actant leur soutien à la candidature de Félix Tshisekedi.À LIREKatumbi, Fayulu, Mukwege… Face à Félix Tshisekedi, un « Genève bis » est-il possible ?
« Vital Kamerhe nous dit depuis un moment qu’il a eu le pouvoir avec Félix Tshisekedi et qu’il ne retournera plus dans l’opposition », justifie l’un de ses proches qui ajoute que l’ancien directeur de cabinet du président a été affaibli par ses déboires judiciaires (accusé et condamné pour détournement et corruption, il a séjourné plusieurs mois en prison avant d’être acquitté). À l’en croire, il « n’a plus la même énergie qu’il y a quelques années pour tenir loin du pouvoir ».
Une humiliation ?
Mais la cérémonie organisée au Pulmann a aussi fait grincer des dents au sein de l’UNC où un cadre dit ne pas comprendre pourquoi, malgré « l’humiliation subie sous ce pouvoir avec un emprisonnement et une condamnation, Vital Kamerhe continue de courber l’échine devant Tshisekedi ».
Dans le camp de Jean-Pierre Bemba, les avis sont plus tempérés. On préfère mettre en avant les choix du nouveau ministre de la Défense nationale. « Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba sont en train de s’aligner dans la perspective de l’après 2023, explique un proche du patron du MLC. Si Tshisekedi gagne, ils savent qu’ils joueront un rôle de premier plan dans les institutions, à la primature et au Parlement. » L’avenir dira si cette stratégie aura été la bonne.