POLITIQUE

« Contrat du siècle », sécurité… Félix Tshisekedi bientôt en visite en Chine

Selon les informations de Jeune Afrique, le président congolais prépare actuellement son premier déplacement à Pékin. Entre coopération minière et sécuritaire, ce voyage est très stratégique.

18 avril 2023 à 17:26

Par Romain Gras et Stanis Bujakera Tshiamala

Mis à jour le 19 avril 2023 à 09:42

Wang Yi, l’ex-ministre chinois des Affaires étrangères (jusqu’en décembre 2022) et Félix Tshisekedi, le 6 janvier 2021. © Gao Junya/Xinhua/MAXPPP

Félix Tshisekedi devrait prochainement se rendre en Chine pour une visite d’État. Ce déplacement, actuellement en préparation, nous a été confirmé par plusieurs sources ministérielles et présidentielles congolaises. Très stratégique – même si le programme est toujours en cours d’élaboration -, il est, pour l’instant, programmé le 26 mai.

« Contrat du siècle »

Tout d’abord, la Chine est le principal partenaire de la RDC dans le secteur minier. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi et le rapprochement initié par ce dernier avec les États-Unis au début de son mandat, les intérêts de Pékin dans ce secteur ont été malmenés.

En mai 2021, le président congolais avait annoncé sa volonté de revisiter les principaux contrats signés par son prédécesseur, Joseph Kabila. Dans le viseur de la présidence congolaise, le contrat conclu en 2008 avec, entre la Gécamines et le Groupement d’entreprises chinoises (GEC), qui a donné lieu à la création de la joint-venture congolo-chinoise Sicomines. Baptisé « contrat du siècle », celui-ci prévoyait l’octroi de gisements de cobalt et de cuivre contre des investissements chinois dans les infrastructures.À LIREEntre la RDC et les États-Unis, un rapprochement contrarié

Mais les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Dans les conclusions de son audit, publiées le 15 février, l’Inspection générale des finances, dirigée par Jules Alingete Key, a dénoncé « une colonisation économique inacceptable » et dressé une liste d’exigences pour rendre l’accord plus équitable, dont le paiement d’un dédommagement de 20 milliards de dollars. Pékin a, de son côté, dénoncé un rapport dont les conclusions « ne correspondent pas à la réalité ».

En août 2021, pour se pencher sur le projet opéré par Tenke Fungurume Mining (TFM), la filiale congolaise du chinois CMOC, une commission a été mise en place à la présidence afin de  « déterminer et évaluer la valeur des ressources de ce gisement afin de permettre à la Gécamines de rentrer dans ses droits ». Depuis la nomination d’un administrateur temporaire pour gérer le projet de TFM, la mine de Tenke Fungurume est au cœur d’un intense bras de fer. Malgré ces difficultés et l’offensive américaine visant à soutenir la révision de ces contrats, Pékin demeure un acteur incontournable du secteur minier congolais.

Course à l’armement

S’il ne fait aucun doute que ces deux dossiers emblématiques feront partie des discussions, ces derniers mois, Pékin se positionne aussi sur le terrain de la coopération sécuritaire. Avec la levée, en décembre dernier, du système onusien de notification sur les livraisons d’armes, dont Kinshasa estimait qu’il l’empêchait de s’équiper militairement, la RDC s’est lancée dans une course à l’armement. Les dépenses militaires n’ont cessé d’augmenter, tout comme le budget consacré à la défense. Kinshasa a déjà fait l’acquisition de neuf drones chinois. Enlisée dans son conflit avec la rébellion du M23 qui, jusqu’à son amorce de retrait début avril, dominait le rapport de force sur le plan militaire, l’armée congolaise explore plusieurs options.À LIREEn RDC, le déploiement de la force régionale suffira-t-il à résoudre la crise ?

Jusque-là, la gestion de ces commandes a été confiée, selon plusieurs sources dans l’entourage de Félix Tshisekedi, au chef de la maison militaire, le lieutenant-général Franck Ntumba. La nomination de Jean-Pierre Bemba au poste de vice-Premier ministre de la Défense, le 24 mars dernier, changera-t-elle les choses ? Ce dernier s’active en tout cas sur ce dossier. Le 17 avril, il a notamment reçu l’ambassadeur chinois, Zhu Jing. La coopération sécuritaire était au cœur de ces discussions. En janvier dernier, le diplomate chinois avait évoqué la mise à disposition d’une enveloppe de 27 millions de dollars pour aider la RDC à moderniser sa défense.

Contactée par Jeune Afrique, l’ambassade de Chine en RDC dit ne pas pouvoir confirmer le futur déplacement de Félix Tshisekedi, tout en précisant que « cette année marquera la reprise des visites croisées entre les deux pays. »

By Habari

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