Kigali réagit au rapport de l’ONU sur son soutien au M23
Le Rwanda salue le fait que le rapport du groupe d’experts de l’ONU confirme la collaboration entre les FDLR et l’armée congolaise, mais continue de nier son soutien à la rébellion qui sévit dans l’est de la RDC.
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23 juin 2023 à 16:13
Par Jeune Afrique
Mis à jour le 23 juin 2023 à 16:14

Pour la deuxième fois en six mois, le groupe d’experts de l’ONU a affirmé que le Rwanda apportait un soutien actif aux rebelles du M23. Dans son rapport final, le panel explique disposer de preuves « d’interventions directes des Forces de défense rwandaises [RDF] en RDC ». Les experts détaillent notamment le dispositif mis en place côté rwandais et cite les noms de plusieurs officiers, parmi les plus hauts gradés de l’appareil militaire rwandais, qui se sont, selon eux, impliqués dans l’organisation du soutien aux rebelles.À LIREM23 en RDC : les experts de l’ONU disent détenir de nouvelles preuves contre Kigali
Ce soutien actif a toujours été contesté par Kigali, qui a régulièrement dénoncé en retour la collaboration entre l’armée congolaise et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), également épinglée dans les conclusions des experts onusiens. Le 22 juin, le gouvernement a réagi au rapport, saluant certaines de ses conclusions tout en dénonçant une partie de son contenu.
« Un mythe »
Dans son communiqué, Kigali se félicite notamment du fait que les experts « confirment la grave menace que la milice génocidaire FDLR, soutenue par Kinshasa, continue de représenter et [sa] capacité accrue à menacer la sécurité du Rwanda ». « Le rapport détaille le soutien financier, politique et militaire apporté aux FDLR » par le gouvernement congolais ainsi que la collaboration entre l’armée congolaise et des groupes armés.À LIREAfrique du Sud, Mozambique… Entre l’EI et les ADF, des liens remontant à 2017, selon l’ONU
Mais le communiqué accuse simultanément ce même rapport de s’appuyer sur des « preuves invérifiables et des sources peu crédibles, qui perpétuent le mythe selon lequel le Rwanda serait responsables de l’insécurité et des problèmes internes de la RDC ». Kigali reproche aux experts d’ignorer « les efforts de paix en cours » dans la sous-région et de « [minimiser] délibérément la menace d’un nettoyage ethnique des communautés tutsies congolaises ».
Sommet de Luanda
La publication du rapport des experts de l’ONU intervient alors que le conflit semble gelé depuis plusieurs semaines, tant sur le plan diplomatique que sur le plan militaire, même si Kinshasa a accusé à plusieurs reprises au cours de derniers mois le M23 de bénéficier de renforts de l’armée rwandaise. Un sommet des différents mécanismes régionaux impliqués dans la résolution de la crise doit prochainement se tenir à Luanda, sous l’égide de l’Union africaine, pour tenter de relancer les médiations, à l’heure où la force conjointe de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) est poussée vers la sortie par Kinshasa.À LIREEn RDC, l’avenir incertain de la force régionale est-africaine
En conclusion de son communiqué, Kigali assure que « le renforcement des mécanismes défensifs et préventifs du Rwanda restera en place pour se prémunir contre les violations de [son] espace aérien et de [ses] frontières, ainsi que pour contrer tout débordement transfrontalier d’un groupe armé ».