En RDC, le cardinal Fridolin Ambongo dénonce la mort « incompréhensible » de Chérubin Okende

Célébrant la messe en mémoire de Chérubin Okende, le collaborateur de Moïse Katumbi tué dans la capitale, l’archevêque métropolitain de Kinshasa a déploré l’ambiance de « jungle » et la loi du plus fort qui, selon lui, règnent dans le pays.

20 juillet 2023 à 15:38

Par Stanis Bujakera Tshiamala

Mis à jour le 20 juillet 2023 à 15:38

Le cardinal Fridolin Ambongo, à Kinshasa, le 1er février 2023. © Arsene Mpiana / AFP

Son homélie était très attendue. Mercredi 19 juillet, à la cathédrale Notre-Dame du Congo, à Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo a dit la messe en mémoire du député Chérubin Okende, retrouvé mort dans la capitale le 13 juillet. « Nous savons que son corps sans vie a été retrouvé le matin du jeudi 13 juillet, mais, jusqu’à ce jour, les circonstances de son assassinat demeurent encore inconnues. Une seule chose est certaine, cette mort tragique nous révolte tous et bouscule la conscience humaine », a déclaré le cardinal.À LIREMeurtre de Chérubin Okende : les coulisses d’une enquête sous pression

« Mort brutale »

Au milieu de la famille, de fidèles, d’opposants, de diplomates, mais également de membres du gouvernement – dont Fabrice Puela, ministre des Droits humains, et José Mpanda, ministre de l’Agriculture – et du Parlement, tel le premier vice-président de l’Assemblée nationale, André Mbata, Mgr Ambongo a décrit Chérubin Okende comme un catholique pratiquant « reconnu pour sa loyauté, sa sincérité et son humilité ».

Dénonçant sa mort « brutale » et « incompréhensible », le cardinal, s’appuyant sur les témoignages de membres de la famille du défunt, a rappelé que, pour Okende, « chaque mercredi était un jour de jeûne et de prières ». « C’est un mercredi que Chérubin fut kidnappé, fut enlevé, et c’est encore un mercredi, aujourd’hui, que nous prions pour lui », a-t-il poursuivi.

« Banalisation » de la vie humaine

Sous les applaudissements de l’assistance, le cardinal a dénoncé l’insécurité qui touche l’ensemble de la République démocratique du Congo (RDC). « Cet assassinat odieux, sans oublier d’autres tueries de nos frères et sœurs à travers le pays, nous appelle à réfléchir et à méditer sur l’insécurité et la violence qui prennent des proportions de plus en plus inquiétantes dans notre pays, ainsi qu’à Kinshasa, où tout le monde vit dans la peur », a déclaré l’archevêque métropolitain, habitué des discours à forte tonalité politique sur la situation de son pays.À LIRELa RDC sous le choc après l’assassinat de Chérubin Okende

S’en est suivi un moment d’intense d’émotion, quand le Mgr Ambongo s’est interrogé : « Pourquoi toutes ces violences physiques et verbales ? Comment expliquer que le peuple congolais, qui était connu pour sa fraternité, est désormais tourné vers la violence verbale et physique ? Que gagne-t-on à vouloir mettre fin de manière crapuleuse à la vie d’un frère ou d’une sœur ? […] Nous retournons à la jungle, où le plus fort massacre le plus faible. »

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Réclamant des enquêtes qu’il dit espérer « objectives, justes et impartiales », le cardinal a également eu des mots forts contre la « banalisation de la vie humaine » en RDC. « Aucune communauté, aucune famille, aucune nation ne peut se construire sur le meurtre, sur l’assassinat, sur le mépris. » Et de poursuivre : « On ne bâtit pas une nation, on ne bâtit pas une communauté sur le mépris de la personne humaine. Un pays où la dignité de la personne humaine n’a aucune valeur et où le droit de l’homme ne compte pas est un pays qui va tout droit à sa ruine. »

L’autopsie toujours attendue

Alors qu’il avait déclaré, le 13 juillet, que la mort de Chérubin Okende « a été donnée par une balle tirée d’une arme trouvée à côté du défunt », Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation, a indiqué le 19 juillet qu’il fallait attendre les conclusions de l’autopsie à venir pour déterminer réellement à quel moment l’ancien ministre des Transports a succombé. « La police scientifique a confirmé que la balle qui a été tirée est bel et bien partie de l’arme trouvée à côté du corps de Cherubin Okende et que cette arme appartient au suspect [Nico Kabunda, le garde du corps d’Okende] », a-t-il ajouté. Selon lui, le collaborateur de la victime est « inconstant » dans ses déclarations et « ne nous aide pas à nous faire une conviction ».

Ces enquêtes ne rassurent pas l’opposition, à commencer par Moïse Katumbi qui, doutant de la volonté du gouvernement de faire la lumière sur la mort de son collaborateur, a écrit à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco) pour solliciter son appui, ainsi que celui d’autres pays, dont la Belgique, les États-Unis et la Grande-Bretagne, afin de faire la lumière sur cette affaire.

By Habari

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