En RDC, HRW dénonce la « répression »contre l’opposition
L’ONG décrit « un contexte de tensions politiques accrues » et pointe des « intimidations » récurrentes, notamment à l’encontre du parti de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République.
22 août 2023 à 18:04
Par Jeune Afrique
Mis à jour le 22 août 2023 à 18:04

À quatre mois de l’élection présidentielle en RDC, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé la « répression » et les « intimidations » auxquelles l’opposition politique fait face, « dans un contexte de tensions politiques accrues ».À LIREMeurtre de Chérubin Okende en RDC : ce que l’on sait de la mort de ce proche de Moïse Katumbi
Les autorités congolaises ont « pris pour cible des dirigeants de partis politiques » selon l’organisation américaine de défense des droits humains. Dans un communiqué publié le 22 août, elle parle de « vague d’arrestations et de restrictions des libertés fondamentales ».
Cité par HRW, le bureau des droits humains des Nations unies en RDC évoque « des enlèvements et des menaces ciblant l’opposition », « des discours de haine et d’incitation à la violence », ainsi qu’un « usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques ». L’organisation de défense de la presse Journalistes en danger (JED), également citée dans le communiqué, s’alarme de la « montée » de la « violence physique à l’égard des journalistes » et des « militants de partis politiques. »
« Assassinat »
La plupart des incidents rapportés dans ce document concerne le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, poids-lourd de la politique congolaise, devenu un des principaux opposants au régime du président Félix Tshisekedi. Le 30 mai, le conseiller de Katumbi, Salomon Idi Kalonda, a été arrêté à Kinshasa par des agents du renseignement militaire. Les charges retenues contre lui ont changé à plusieurs reprises depuis son arrestation.
Le 13 juillet, Chérubin Okende, porte-parole d’Ensemble pour la République, a été retrouvé mort, criblé de balles dans son véhicule, au bord d’une route dans la capitale. Cet ancien ministre des Transports de Felix Tshisekedi a rallié l’opposition fin 2022. Son « assassinat », jusqu’alors non élucidé, a provoqué l’émoi à travers le pays.
Nuisance
Limitation de mouvements, répression violente de manifestations, arrestations, perquisitions avec violences, destruction de biens : les chercheurs de Human Rights Watch disent avoir « de sérieuses inquiétudes quant aux efforts politiquement motivés pour intimider l’opposition ».À LIREVague d’indignation contre la RDC après la dispersion brutale d’une marche de l’opposition
Cité également dans le communiqué de HRW, le président Félix Tshisekedi, candidat à sa propre réélection en décembre, a déclaré lors d’un meeting le 25 juin qu’il s’attaquerait « sans remords à tout Congolais » qui nuirait à la « stabilité (du) pays ». « Peu importe ce qu’on en dira : violations des droits de l’homme, privation de libertés… »
Le 24 mai, au cours d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, s’en est pris aux journalistes internationaux et à la communauté internationale en réponse aux critiques sur la répression violente d’une manifestation. Il les accuse de fragiliser l’État en « distribuant des [bons] points », ce qui selon lui poussent les dirigeants congolais à adapter leur politique « pour ne pas être transférés devant la Cour pénale internationale ».
(Avec AFP)