Report des élections, passage en force ou possible coup d’État ? Trois sombres scénarii sur la table du Congo

  • Dans République démocratique du Congo
  • 14 décembre 2023
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Report des élections, passage en force ou possible coup d’État ? Trois sombres scénarii sur la table du Congo

« Ca passe ou ça casse » ! A sept jours des élections générales en RDC tel serait le pari actuel du président Tshisekedi et de l’ensemble des acteurs internationaux. La société civile congolaise, assiste impuissante à ces scénarii catastrophiques pour l’avenir de la Nation voire de l’Afrique. L’opposition politique, reste caractérisée par d’irréalistes egos et son incapacité à faire prévaloir sa force fédératrice et l’intérêt commun, se condamnant à ne jouer qu’un minime rôle de figurant vu l’opacité du processus électoral.

Jamais dans l’histoire de la Nation congolaise, un processus électoral n’a été si contesté.

Du boycott du FCC kabiliste, à une participation limitée de l’opposition, sans oublier la guerre et l’occupation de l’Est du pays, l’organisation des élections à venir manque cruellement d’inclusivité. Si on y ajoute l’opacité financière, l’absence d’un audit indépendant du fichier électoral, le non-affichage des listes électorales, les cartes d’électeurs effacées et surtout l’absence de déploiement des matériels sensibles à quelques jours du scrutin, l’on peut s’interroger encore sur la probabilité de la tenue de ce scrutin crucial pour l’avenir de la RDC. Serait-il juste, transparent et en mesure de faire respecter le choix du peuple ?

Aujourd’hui, il est clair qu’il semble impossible d’avoir des élections crédibles et acceptables.

Des voix se lèvent pour appeler à un report raisonnable de ces élections1.

Mais pas un simple report technique. Car pour que le peuple ne soit pas à nouveau privé de ses droits un audit du processus s’impose ainsi qu’une transparence dans toutes les étapes préparatoires, avec l’ambition d’atteindre les standards démocratiques mondiaux. Il faut aussi l’accompagner d’un dialogue national pour permettre un climat apaisé.

Toute l’équipe responsable de cet échec devra être réaménagée. Ne faudra-t-il pas une transition des technocrates sans politiciens ?

Et les responsabilités des échecs présents et passés assumé par leurs auteurs.

Dans les circonstances actuelles, trois grands scénarii semblent se dégager tout aussi dangereux les uns que les autres …

  1. Un report des élections

On vient de le dire, le report pourrait être la meilleure des hypothèses.

Peu importe la justification utilisée pour tout report technique, requête de l’opposition, etc., la CENI et le gouvernement sont responsables et doivent rendre des comptes. La société civile n’a pas arrêté de tirer la sonnette d’alarme depuis des mois. Face à ces appels, le président de la CENI, le gouvernement et le président de la République ont toujours répondu avec suffisance que « ces élections auront bien lieu le 20 décembre ».

Ne faut-il pas un remaniement complet de la CENI et de toutes les institutions impliquées dans l’organisation de cette élection ?

  1. Des élections chaotiques

Le deuxième scénario est celui d’un passage en force de la CENI et du gouvernement d’autant plus que c’est leur comportement depuis le début du processus. Ils ont toujours privilégié leurs intérêts égoïstes et la préservation de leur pouvoir plutôt que l’intérêt collectif et l’organisation de bonnes élections. La présence d’observateurs internationaux, pourtant contributrice à l’intégrité des élections a été entravée : récemment le Carter Center a été victime de désinformation organisée sur son action, tandis que la mission d’observation de l’Union européenne n’a pas reçu l’autorisation d’utiliser les téléphones satellitaires.

Ce constat présage un environnement évident d’opacité.

Ce scénario est clairement celui du pire et porte en lui les ferments du chaos. Après les arrangements « à l’africaine » de 2018, le peuple veut choisir librement ses dirigeants. Le priver de ce droit risque de conduire à l’implosion de violence dans un pays déjà surchauffé. Cela pourrait embraser de manière incontrôlable et déstabiliser toute une région, bien au-delà des frontières de la RDC.

  1. Un coup d’état militaire

Le retour des coups d’état en Afrique rend cet abominable scénario d’autant plus plausible qu’un appel a été lancé dans ce sens par un ancien général kabiliste en fuite à l’étranger. Dès lors, il est nécessaire que la population soit préparée à une telle éventualité. D’autant plus que les complotistes parmi les forces négatives de l’ombre auraient beau jeu de se parer du statut de sauveur de la Nation face à la corruption, l’intolérance et l’incompétence du régime actuel.

Il est donc plus qu’urgent que les forces vives de la Nation se concertent et proposent des solutions qui vont préserver la paix et la sécurité de tous.

Cet appel est porté particulièrement à l’attention des autorités belges et européennes.

Ce qui se prépare au Congo n’est pas un événement à contempler de loin. La région des Grands Lacs a un besoin pressant de stabilité, de bonne gouvernance, de sécurité, et de perspectives de prospérité enfin partagée. Tous des facteurs qui semblent ne pas figurer au rang des priorités de ce scrutin.

Notre proximité historique et géographique, les conséquences potentiellement dramatiques qui n’épargneront pas nos relations avec le Congo plaident pour une attention accrue.

Les enjeux ne sont pas que nationaux ou régionaux. Ils ont une répercussion sur la planète,sur nos sociétés et nos Etats en particulier les défis climatiques, les pressions d’immigration, …

Il ne s’agit ici nullement d’un plaidoyer pour une quelconque interférence dans une matière souveraine s’il en est. D’ailleurs, le peuple congolais n’est pas dupe des risques immenses qui le menacent à nouveau. Il s’agit d’un appel au « devoir-de-non-indifférence »  de nos sociétés et gouvernements envers un peuple toujours pris en otage par un système qui a tout mis en place pour lui ravir, cette fois encore, sa voix et son destin de liberté.

(1 Une candidate à la présidentielle, Marie-Josée Ifoko appelle au report de 2 à 3  mois…)

Patrick Balemba, juriste et chargé de recherche et d’animation d’une ONG belge.

Bob Kabamba (Politologue, Univ Liège), 

Claude Kazadi Lubatchi, spécialiste en communications, ancien de l’ ULB

Colonel Shema Tuza (Ex-Officier FARDC, poussé à l’ asile politique en Belgique après qu’il ait défendu des thèses orthodoxes au sein du Conseil Nat de Sécurité de la RDC), 

Bienvenu Matumo, chercheur en géographie (Université Paris 8)

Yves Makwambala (LUCHA, ancien prisonnier d’opinion, soutenu jadis par Amnesty International) et 

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