Corneille Nangaa s’allie avec le M23 pour créer une plateforme politique

À quelques jours de la présidentielle en RDC, l’ancien patron de la Ceni a lancé son propre mouvement, Alliance fleuve Congo, depuis Nairobi. Et décidé de s’allier avec les rebelles actifs dans l’Est.

Corneille Nangaa, alors président de la Commission électorale de la RDC, à Kinshasa, le 29 décembre 2018. © Luis TATO/AFP
Corneille Nangaa, alors président de la Commission électorale de la RDC, à Kinshasa, le 29 décembre 2018. © Luis TATO/AFP

Publié le 15 décembre 2023Lecture : 2 minutes.

Dans une salle d’un hôtel de Nairobi, aux murs tapissés de jaune et au sol recouvert de moquette, Corneille Nangaa entonne l’hymne national congolais, droit comme un piquet. À ses côtés, Bertrand Bisimwa, qui dirige l’aile politique du M23. L’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’apprête, ce vendredi 15 décembre, à annoncer la création d’une nouvelle plateforme : l’Alliance fleuve Congo.A lire : 

Pourquoi Corneille Nangaa a choisi l’exil

Pour justifier cette étonnante décision, Corneille Nangaa se base notamment sur l’article 64 de la Constitution. Cet texte, selon lequel « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution », John Numbi l’avait déjà utilisé en octobre dernier dans un long message vidéo dans lequel il s’en prenait violemment au chef de l’État.

Comme l’ancien inspecteur général de la police, proche de l’ex-président Joseph Kabila, Nangaa s’en est violemment pris à Félix Tshisekedi, l’accusant pêle-mêle d’avoir « instauré un régime d’anti-valeur, [de] corruption, [de] tribalisme [et de] détournement des biens publics », « d’avoir fait le choix de sous-traiter la sécurité nationale », « d’utiliser la guerre comme fonds de commerce » et « de violer délibérément la Constitution et tous les traités internationaux ».

Tshisekedi a pris « la décision d’opérer un coup d’État électoral »

Corneille Nangaa

Celui qui avait annoncé la victoire de Tshisekedi à l’issue de la présidentielle de décembre 2018 estime aujourd’hui que le chef de l’État a confisqué « le processus électoral en cours » et pris « la décision d’opérer un coup d’État électoral ».

Une alliance avec le M23

Corneille Nangaa, qui n’a pas manqué de remercier les autorités kényanes pour leur hospitalité, a assuré lors de sa conférence de presse que dix-sept partis et trois regroupements, mais aussi des plateformes de la société civile et pas moins de 267 personnalités politiques, avaient déjà accepté de rejoindre son mouvement. Il a aussi fait le choix de s’allier avec plusieurs groupes armés opérant dans l’est de la RDC, dont le plus important est le M23.

A lire :

Dans l’est de la RDC, la présidentielle est un non-évènement

Ces derniers mois, Corneille Nangaa avait multiplié les déclarations offensives à l’encontre du président congolais. Interrogé en octobre par France 24, il avait affirmé que Tshisekedi et Kabila avaient signé un accord, à la suite de l’élection présidentielle de 2018, permettant au premier d’accéder à la magistrature suprême.

Ses relations avec l’actuel chef de l’État avaient commencé à se détériorer au moment où l’alliance avec Kabila s’était rompue. En février 2023, Corneille Nangaa avait fait son entrée en politique, fondant son propre parti, l’Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP), et annonçant sa candidature à la présidentielle du 20 décembre. Estimant que sa vie était menacée, il avait ensuite pris la direction de l’exil.

By Habari

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