Une offensive du M23 fait plus de 100 000 déplacés dans l’est de la RDC
Après deux jours de combats, les rebelles du M23 se sont emparés de plusieurs villes et villages du territoire de Rutshuru, provoquant la fuite de plus de 100 000 personnes.

Publié le 7 mars 2024Lecture : 2 minutes.
Étendant leur emprise au Nord-Kivu, le M23, épaulé selon Kinshasa et l’ONU par l’armée rwandaise, a pris le contrôle de la ville de Nyanzale, située à environ 70 km au nord de Goma, chef-lieu de la province. L’armée congolaise et les groupes armés qui la soutiennent ont été repoussés vers le nord.
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Au cours des affrontements, au moins 15 civils, dont des enfants, sont morts dans des bombardements sur cette ville de plus de 80 000 habitants, où plusieurs dizaines de milliers de personnes, déjà déplacées par des affrontements antérieurs, avaient trouvé refuge. Depuis plusieurs mois, la ville grouillait de militaires congolais et de miliciens, chassés progressivement de leurs bases à mesure que le M23 gagnait du terrain.
Fuir de nouveau
Après huit ans de sommeil, le M23 a repris les armes fin 2021 et s’est emparé de larges pans du Nord-Kivu, jusqu’à couper début février toutes les voies d’accès terrestres menant à Goma, sauf celle de la frontière rwandaise.
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Une source sécuritaire congolaise jointe par téléphone a confirmé la prise de plusieurs localités du territoire de Rutshuru. « Nous nous battons en ce moment, a-t-elle affirmé. L’ennemi a pris le contrôle des villages de Kashalira, Kirima, Ngoroba et de la cité de Nyanzale. » Des affrontements étaient encore en cours mercredi soir dans plusieurs localités, y compris autour de la ville de Kibirizi, vidée en bonne partie de sa population et des humanitaires qui y travaillaient.
OCHA, la coordination humanitaire des Nations unies, avait indiqué lundi que les « habitants des sites de déplacés et communautés hôtes » de Nyanzale et Kirima fuyaient « vers des zones plus calmes, mais où il est difficile d’apporter l’assistance en raison de l’accès » compliqué.
Tirs d’obus sur un camp de déplacés
Estimant mercredi à « plus de 100 000 » le nombre de personnes ayant fui en deux jours de combats, l’agence onusienne s’inquiète que ces personnes « soient obligées de fuir à nouveau si les hostilités persistent » et que leurs conditions de vie deviennent « intenables si aucune assistance rapide ne leur parvient ».
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Un rapport interne de la Monusco, la mission de l’ONU en RDC, consulté par l’AFP accuse le M23 d’avoir « tiré [lundi 4 mars] des obus de mortier sur le camp de déplacés de Kihondo [à trois kilomètres de Nyanzale], blessant 12 civils dont cinq ont succombé à leurs blessures ». Le M23 aurait aussi « tiré six obus de mortier » près d’une base onusienne, « blessant un autre civil », ajoute le rapport.
Fin 2023, les Nations unies estimaient que près de sept millions de personnes étaient déplacées en RDC, dont 2,5 millions uniquement dans la province du Nord-Kivu.
(Avec AFP)