En RDC, Nicolas Kazadi bientôt à la barre ?

L’Assemblée nationale a autorisé, samedi 15 juin, l’ouverture d’une enquête contre l’ancien ministre congolais des Finances, soupçonné de surfacturation.

L’ancien ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi. © DR
L’ancien ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi. © DR

Publié le 17 juin 2024Lecture : 3 minutes.

Non reconduit dans le nouveau gouvernement de RDC, l’ancien ministre des Finances pourrait bientôt se retrouver devant un juge. Samedi 15 juin, au moment de clôturer sa session ordinaire, l’Assemblée nationale a autorisé le procureur général près la Cour de Cassation à poursuivre son instruction judiciaire contre Nicolas Kazadi, qui demeure député dans la circonscription électorale de Miabi, dans la province du Kasaï-Oriental.

Firmin Mvonde avait déposé cette demande le 28 avril auprès du président de l’Assemblée nationale. À l’époque, le poste était occupé par Christophe Mboso, qui n’était plus en fonction qu’à titre provisoire et ne pouvait donner suite à cette requête. Depuis, le bureau définitif a été installé, avec à sa tête Vital Kamerhe.

Nicolas Kazadi est soupçonné de « détournement de derniers publics » en lien avec le projet d’installation de mille forages dans différentes localités du pays. Il n’est pas seul : son ancien collègue au Développement rural, François Rubota, qui n’a pas été élu député ni reconduit au gouvernement, est poursuivi pour les mêmes faits.

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Selon le procureur, les deux anciens ministres ont, du temps où ils étaient membres du gouvernement dirigé par Sama Lukonde Kyenge, facturé des forages d’eau à 294 606,8 dollars pièce via le consortium Stever Construct Cameroun et Sotrad Water, alors que le prix de ce type d’ouvrage sur le marché se situerait entre 5 000 et 20 000 dollars l’unité. L’État congolais s’était engagé à financer les 100 stations (leur nombre est finalement passé à 1 340 sur instruction de Nicolas Kazadi) pour 400 millions de dollars. Sur cette somme, 71 millions de dollars ont déjà été débloqués, ce qui correspond à 241 unités. Problème : seules 32 stations ont été construites et livrées, selon le procureur général, qui cite les syndicats du ministère.

Pas de protection « pour les malfrats »

En autorisant l’ouverture des enquêtes, la majorité a-t-elle abandonné l’un de ses membres ? « Nous n’avons pas formé un royaume pour protéger les malfrats », a lâché, devant la presse, Augustin Kabuya, député national et secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti dont est membre Nicolas Kazadi), après la plénière de samedi.

Selon nos informations, Félix Tshisekedi s’était entretenu le 8 mai avec Nicolas Kazadi. Un aparté au terme duquel le président congolais avait annoncé à son ministre qu’il ne figurerait pas dans le gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka – lequel a été investi dans la nuit du 11 au 12 juin dernier — et qu’il encourageait la justice à enquêter sur cette affaire.

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L’Assemblée nationale y a-t-elle vu une indication sur la suite à donner à la demande du procureur ? Cela n’est pas exclu, même si les députés lui ont demandé de lever la mesure interdisant à Nicolas Kazadi et d’autres personnes impliquées dans ce dossier de quitter le pays. Le 27 avril, alors qu’il devait accompagner Félix Tshisekedi à Paris, Nicolas Kazadi a été débarqué du jet privé alors que l’appareil s’apprêtait à décoller de la piste de l’aéroport de N’djili.

S’il devait décider d’inculper Nicolas Kazadi, le procureur général devrait revenir devant l’Assemblée nationale pour, cette fois, demander la levée de son immunité. Et si cela devait avoir lieu pendant les vacances parlementaires, c’est le bureau de la Chambre basse qui aurait à se prononcer. Une situation qui aurait le goût amer de l’ironie pour Vital Kamerhe et Nicolas Kazadi.

Il y a quatre ans, ce dernier était ambassadeur itinérant du chef de l’État et coordinateur du comité de suivi du programme des 100 jours. Il avait témoigné à charge contre l’actuel président de l’Assemblée nationale devant le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, lorsque celui-ci était jugé pour détournement de fonds et corruption.

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