Eviter le choc des mémoires entre le roi Philippe et Patrice Lumumba

Le roi Philippe se rendra au Congo à partir du 3 juin prochain. Juste après ce voyage, la famille de Lumumba viendra en Belgique pour récupérer les « restes »du Premier ministre, lors

Colette Braeckman

Journaliste au service MondePar Colette BraeckmanPublié le 24/05/2022 à 00:00 Temps de lecture: 4 min

Faste sera l’année précédant les élections générales en République démocratique du Congo avec en apothéose le scrutin présidentiel prévu pour 2023 et qui, aux dires des autorités, ne souffrira aucun report. Elle sera marquée par plusieurs visites et événements qui frapperont les esprits, dont la visite, à partir du 3 juin prochain, du roi Philippe de Belgique. La visite a été reportée à plusieurs reprises, entre autres pour des raisons sanitaires. Le roi Philippe et la reine Mathilde, seront accompagnés par le premier ministre Alexander de Croo (Open VLD) qui remplacera Sophie Wilmès (MR), par Myriam Kittir (Vooruit) en charge de la Coopération et par Thomas Dermine (PS), ministre de la Politique scientifique, qui a dans ses attributions le délicat dossier de la restitution éventuelle des œuvres d’art congolaises. Le voyage qui mènera la délégation de Kinshasa à Lubumbashi et, pour une visite éclair, à Bukavu, durera près d’une semaine et il permettra des contacts avec les milieux d’affaires, mais aussi avec les humanitaires et les milieux de la coopération et il devrait être l’occasion de rencontrer la population congolaise elle-même. Lors des préparatifs des voyages précédents, il avait été question de faire coïncider avec la visite royale le retour au pays des « restes » de Patrice Lumumba (en réalité une dent, arrachée à sa dépouille par le gendarme belge feu Gérard Soete et toujours consignée au parquet de Bruxelles…) mais ce souvenir aussi amer et douloureux au Congo qu’en Belgique a été dissocié de la visite du roi, neveu du roi Baudouin. Les diverses célébrations se suivront à plusieurs jours d’intervalle et tout choc des mémoires sera ainsi évité.

Rappelons que les travaux de la Commission Lumumba, qui avait permis aux parlementaires belges d’étudier les circonstances de la mort du premier ministre congolais, avaient débouché sur la reconnaissance de la responsabilité de la Belgique dans son élimination. Les autorités belges de l’époque étaient très hostiles à un premier ministre élu mais qui, lors des cérémonies de l’indépendance le 30 juin 1960 avait osé prononcer en présence du roi Baudouin un discours jugé « provocateur » car il mettait en cause les « bienfaits » de la colonisation et dénonçait les inégalités et les injustices qui régnaient dans la colonie. Promesse avait été faite, à l’issue des travaux de la Commission, de créer une Fondation Lumumba mais cet engagement ne fut jamais concrétisé.

Remise solennelle des restes de Lumumba

Le 16 juin, la famille de Patrice Emery Lumumba arrivera en Belgique où elle participera à diverses cérémonies dont la remise solennelle des restes du premier ministre : contenue dans un écrin, la dent sera restituée aux proches du défunt et à cette occasion le premier ministre belge devrait prononcer un discours très attendu. A la veille retour vers Kinshasa, une autre cérémonie réunissant des associations belges et des représentants de la diaspora africaine aura lieu sur la place Lumumba, porte de Namur à Bruxelles. C’est ensuite au Congo que le périple de la dépouille de Patrice Lumumba prendra toute son importance. Elle inclura toutes les étapes de la brève existence du premier ministre, depuis le lieu de sa naissance, Onalua dans le Kasaï (désormais baptisée Lumumbaville) jusque Kisangani, lieu de son premier emploi à la poste et où il entama sa carrière politique, en passant par Lubumbashi au Katanga et plus particulièrement la sinistre clairière de Shilatembo où furent achevés le premier ministre déchu et deux de ses compagnons, M’Polo et Okito.

A Kinshasa, le rendez-vous avec la population sera plus politique encore : la dépouille sera accueillie par le chef de l’Etat et les chefs coutumiers, un hommage populaire et une veillée religieuse seront organisés alors qu’un deuil national aura été décrété et c’est le 29 juin, veille de la commémoration de l’indépendance, qu’aura lieu la cérémonie d’inhumation. Dès ce moment, le lieu-dit que tous les Congolais désignent comme l’Echangeur de Limete aura changé de nom pour s’appeler le Mémorial Patrice Lumumba et il sera désormais ouvert au public.

A peine l’hommage à Patrice Lumumba sera-t-il terminé que les Congolais seront sollicités par un autre événement mémorable : la visite du pape François, prévu début juillet…

By Habari

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