POLITIQUE
RDC : Vital Kamerhe fait son grand retour dans l’Est
Pour la première fois depuis son acquittement, l’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi se rend dans cette région en proie à de violents conflits. Sécuritaire, le déplacement du natif de Bukavu est aussi très politique.
12 septembre 2022 à 19:51
Mis à jour le 12 septembre 2022 à 22:16
Chemise rouge sous une veste noire, pantalon kaki, c’est sourire aux lèvres que Vital Kamerhe est arrivé ce 12 septembre à Goma. Autour de 16 heures locales, l’avion de la compagnie nationale s’est posé à l’aéroport du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où l’attendait une foule en effervescence.
C’est entouré de ses proches collaborateurs, dont Billy Kambale, le secrétaire général de son parti, l’Union pour la nation congolaise (UNC), Michel Moto, son assistant et conseiller en communication, Jean-Baudoin Mayo Mambeke ou encore le vice-ministre de la Justice, Amato Bayubasire, que Vital Kamerhe a entamé son déplacement. Son épouse, Hamida Chatur, sa mère, sa sœur Chantal et son fils Didier sont également à ses côtés.
Aussi sécuritaire que politique
Acquitté en juin après avoir été condamné deux ans auparavant à 20 ans de prison – une peine réduite en appel à 13 ans – et à 10 ans d’inéligibilité pour corruption et détournement dans la gestion des fonds alloués au programme présidentiel des 100 jours, le natif de Bukavu, au Sud-Kivu, entend tourner totalement la page de cette saga judiciaire qui l’a tenu deux ans entre la prison et les juges.À LIRERDC : le futur rôle de Vital Kamerhe au cœur de son discret tête-à-tête avec Félix Tshisekedi
À travers cette tournée dite « de la paix », qui, dans sa première étape, doit conduire l’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema, Kamerhe compte apporter sa contribution aux efforts de restauration de l’autorité de l’État dans cette partie du pays où les groupes armés font la loi. La résurgence du M23, en novembre dernier, n’a fait qu’accentuer les tensions. Il compte aussi se rendre à Rutshuru, ce territoire de la province du Nord-Kivu où la ville de Bunagana est occupée depuis trois mois par les combattants de ce mouvement rebelle.
« Pour le retour de la paix chez nous, je veux juste montrer qu’aux temps anciens nous avons eu des difficultés plus grandes que celles que nous avons actuellement et que nous les avons vaincues (…) Nous avons dit que nous voulions que la souveraineté du territoire du Congo soit respectée. », a déclaré Vital Kamerhe devant des partisans.
« Je ne suis pas ici pour faire la politique, je ne dirai aucun mot sur la politique. Je ne peux pas faire de politique quand les larmes et le sang de nos compatriotes coulent », a-t-il poursuivi.
La primature ?
Politique, cette tournée dans l’Est – la première depuis la libération de Vital Kamerhe – semble pourtant l’être. Depuis son acquittement, considéré par beaucoup d’observateurs comme un geste de réconciliation de Félix Tshisekedi, l’ancien directeur de cabinet du président est en discussion avec ce dernier sur son futur rôle.À LIRERDC : Vital Kamerhe pardonne et clame sa loyauté à Félix Tshisekedi
Selon certaines sources, la primature pourrait être une option. « Le président tient à maintenir [Jean-Michel] Sama Lukonde Kyenge à la tête du gouvernement, mais il n’écarte pas la possibilité de confier ce poste à Vital Kamerhe. Toutes les options sont sur la table, confie un proche du chef de l’État. Si Kamerhe réussit à soulever des foules partout où il passe, cela voudra dire que Tshisekedi ne peut pas faire sans lui. » Un message stratégique, alors que le président brigue un second mandat lors de l’élection présidentielle prévue en décembre 2023.