POLITIQUE
Nicolas Sarkozy chez Félix Tshisekedi : les raisons d’une visite
L’ancien chef de l’État français se rend ce 22 mars à Kinshasa. Objectif : tenter d’ouvrir un canal de discussion entre Paul Kagame et le président congolais.
22 mars 2023 à 17:28
Par Jeune Afrique
Mis à jour le 22 mars 2023 à 17:28

Nicolas Sarkozy est attendu ce mercredi 22 mars en fin de journée à Kinshasa, où il séjournera jusqu’au lendemain. Lors de ce court séjour, il dînera ce soir avec Félix Tshisekedi, avant de s’entretenir de nouveau avec lui demain.À LIRERDC : face au M23, Félix Tshisekedi « chef de guerre » malgré lui
Les deux hommes réfléchissent à ce déplacement de longue date. Ils sont en contact régulier depuis l’élection du président congolais, en décembre 2018. L’ancien chef de l’État français a d’ailleurs, par le passé, convié Félix Tshisekedi à un match du Paris Saint-Germain (PSG), mais l’agenda de ce dernier ne lui a finalement pas permis d’y assister.
Divers intermédiaires
La visite de Nicolas Sarkozy a finalement été décidée dans le plus grand secret il y a quelques semaines. Plusieurs sources proches de son entourage assurent qu’elle a été initiée à la demande de Félix Tshisekedi, via divers intermédiaires, dont l’ancienne ministre française de la Justice Rachida Dati. Une version démentie par deux proches collaborateurs du président congolais. « Nicolas Sarkozy nous a lui-même sollicités pour obtenir une audience avec le chef de l’État. Nous ne savons pas exactement pour quelles raisons », assure l’un d’eux.À LIRERDC-Rwanda : entre Tshisekedi et Kagame, l’escalade verbale se poursuit
L’ex-président devrait, entre autres, tenter de faciliter l’ouverture d’un canal de discussion entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Depuis la résurgence du conflit armé avec le M23, les relations entre les deux homologues sont particulièrement tendues, le Rwanda étant accusé par la RDC de soutenir le mouvement rebelle. Alors que les initiatives diplomatiques ont, pour le moment, toutes échoué, Félix Tshisekedi tente de faire pression sur Paul Kagame, mais aussi d’infléchir la position de la France, qui s’est érigée en médiatrice de la crise.
« Allié indéfectible » de la RDC
Proche de Paul Kagame et contact régulier d’Emmanuel Macron, l’ancien président français dispose donc d’atouts pour plaider la cause de Kinshasa auprès de Kigali, mais aussi de Paris. « Mais il faut savoir que le président Tshisekedi reste attaché aux initiatives africaines qui peuvent bien sûr être soutenues par d’autres pays », précise un conseiller du dirigeant congolais. L’Angola, qui joue un rôle de médiateur, a notamment voté l’envoi de 500 soldats en RDC. Luanda a également contribué à négocier un cessez-le-feu entre les FARDC et le M23, rapidement rompu par le groupe rebelle. Nicolas Sarkozy entretient également de bonnes relations avec le président angolais João Lourenço. À LIREEmmanuel Macron, l’équilibriste entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame
Particulièrement attendu sur le dossier du M23 lors de sa venue le 4 mars à Kinshasa, Emmanuel Macron avait joué un délicat jeu d’équilibriste, peu apprécié par les autorités congolaises. Condamnant une rébellion dont « le visage, l’agenda et les soutiens extérieurs » sont connus, il s’était posé en « allié indéfectible » de la RDC et de son « intégrité territoriale ». Il a cependant été réticent à dénoncer le rôle du Rwanda et a pointé la part de « responsabilité » des autorités congolaises.