En RDC, Kabila et Fayulu, grands absents des élections de décembre ?

Contrairement à Moïse Katumbi, Delly Sesanga ou Matata Ponyo, l’ancien chef de l’État et le candidat malheureux à la dernière présidentielle ne présentent pas de listes aux législatives.

25 juillet 2023 à 17:23

Par Socrate Nsimba

Mis à jour le 25 juillet 2023 à 17:23

Un agent électoral ferme un bureau de vote avant le dépouillement des bulletins après la présidentielle, le 30 décembre 2018, à Kinshasa. © JOHN WESSELS/AFP

Après une prolongation d’une semaine, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a clôturé dimanche 23 juillet la réception des candidatures pour les élections législatives nationales. Et comme certains l’anticipaient, Joseph Kabila et Martin Fayulu, deux des principales figures de l’opposition à Félix Tshisekedi, n’ont pas présenté de listes pour leurs forces politiques respectives.

La décision de l’ancien président de la République de ne pas aligner de candidats de sa coalition, le Front commun pour le Congo (FCC), est loin d’être une surprise. Le prédécesseur de Félix Tshisekedi avait déjà appelé au boycott des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs organisées entre décembre 2022 et avril 2023. Sa principale revendication : le changement des membres de la Commission électorale et de la Cour constitutionnelle, deux institutions qui interviennent en amont et en aval des scrutins. Le 16 juin, dans sa ferme de Kingakati, Joseph Kabila avait critiqué devant les barons du FCC un processus « frauduleux et chaotique », contre lequel il demandait à l’opposition de se prononcer.

« Nous refusons de blanchir la fraude »

Martin Fayulu, leader du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé), n’a pas suivi le mot d’ordre de l’ancien chef de l’État. Mais, comme lui, il a décidé de se tenir à l’écart du processus, alors qu’il avait participé activement aux opérations d’identification des électeurs. Son discours a foncièrement changé depuis l’audit externe du fichier électoral, effectué en mai par cinq experts indépendants recrutés par la Ceni après le désistement de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui assumait cette tâche depuis les élections de 2006.À LIRECalendrier électoral en RDC : reculer pour mieux… glisser ?

Pour Martin Fayulu, pas question d’aller aux élections sans un fichier audité par un organisme international garantissant la transparence du processus. « Nous refusons de blanchir la fraude et donc d’accompagner Félix Tshisekedi et son Union sacrée dans une nouvelle forfaiture électorale », déclarait-il le 12 juillet, en réaction à la décision de la Ceni, annoncée deux jours plus tôt, de ne pas organiser d’audit du fichier tel que réclamé par les opposants.

Fayulu soupçonne la présence de plus de 10 millions d’électeurs fictifs dans le fichier afin de favoriser la réélection de Félix Tshisekedi. De son côté, l’instance électorale affirme qu’« aucun argument sérieux n’est venu contredire les conclusions » de l’audit déjà effectué et qu’il était « illogique » d’en organiser un autre.

Marche sans Katumbi, Sesanga et Ponyo

À cinq mois du scrutin, Joseph Kabila et Martin Fayulu seront-ils les grands absents des élections générales de décembre – provinciales, législatives et présidentielle ? « Nous ne serons pas les grands absents. Nous allons nous battre pour que des élections au rabais ne soient pas organisées en RDC », prévient Devos Kitoko, le secrétaire général de l’Ecidé. Le parti de Martin Fayulu annonce d’ailleurs une marche à Kinshasa ce samedi 29 juillet dans le cadre de sa nouvelle campagne pour un « fichier électoral fiable ».À LIRE[Vidéo] Le meurtre de Chérubin Okende, un « assassinat politique » ?

Contrairement aux dernières manifestations de l’opposition, l’Ecidé va devoir faire sans les partis de Moïse Katumbi, Delly Sesanga ou encore Matata Ponyo. Ces trois adversaires de Félix Tshisekedi ont, malgré tout, présenté des candidats aux législatives. Joseph Kabila et Martin Fayulu comptaient pourtant sur la solidarité de l’opposition pour arriver à freiner la Ceni dans sa volonté d’organiser coûte que coûte les élections générales le 20 décembre.

By Habari

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