En RDC, l’étau se desserre-t-il autour de François Beya ?
La Haute Cour militaire congolaise a autorisé, ce 16 août, la remise en liberté de quatre co-accusés de l’ancien conseiller sécurité de Félix Tshisekedi. Lui-même n’est toujours pas rentré en RDC.
16 août 2023 à 17:53
Par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa
Mis à jour le 16 août 2023 à 17:53

Tous étaient des proches collaborateurs de François Beya, l’ancien conseiller spécial de Félix Tshisekedi accusé d’avoir comploté contre le chef de l’État congolais et qui vit en exil en France depuis maintenant un an. Le colonel David Cikapa était son directeur de protocole, Guy Vanda officiait comme secrétaire particulier, Lily Tambwe Mauwa était commissaire supérieur principal et Pierre Kalenga Kalenga avait le grade de colonel. Tous ont bénéficié ce mercredi 16 août d’une remise en liberté provisoire.À LIREProcès de François Beya : va-t-on juger le fantôme de « Fantomas » ?
Dans son arrêt, la Haute Cour militaire, qui juge François Beya, a mis en avant des raisons d’équité, l’ancien conseiller ayant lui-même bénéficié d’une remise en liberté qui avait été assortie d’une autorisation à aller se faire soigner à l’étranger. « Il est injuste de garder les présumés complices en détention alors que vous avez accordé la liberté provisoire au principal accusé, qui continue à se faire soigner à l’étranger », avait plaidé l’un des avocats de Lily Tambwe Mauwa. La Haute Cour militaire a néanmoins posé ses conditions et exigé que les intéressés n’occasionnent pas de scandale une fois sortis de prison, qu’ils ne cherchent pas à quitter le pays et se tiennent à la disposition de la justice.
« Le joufflu aime seulement manger la farine de manioc »
Le colonel Cikapa est accusé d’avoir procédé, à la demande de François Beya, à l’achat de matériel militaire « dans le courant de l’année 2020 sans autorisation préalable du ministère de la Défense et de la Maison civile du président de la République » ; Guy Vanda, lui, se voit reprocher d’avoir qualifié sur WhatsApp l’administration Tshisekedi de « régime de parvenus », tandis que Lily Tambwe Mauwa est accusé d’avoir créé « sans autorisation de la hiérarchie de la police » un sous-commissariat dénommé « Idjwi » et installé sur la propriété de François Beya, à Kinshasa.À LIREAu tribunal, Kabund garde toute sa virulence contre Tshisekedi
Accusé d’espionnage et d’atteinte à la sûreté de l’État, François Beya se serait lui-même rendu coupable de propos injurieux à l’encontre du chef de l’État. « Bourrique, le joufflu aime seulement manger la farine de manioc », aurait-il écrit (Zoba-zoba, matama, alingi kaka fufu, en lingala).
Incarcéré à la prison de Makala après avoir passé deux mois dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement (ANR), où il avait été conduit après son arrestation surprise, le 5 février 2022, François Beya avait bénéficié d’une remise en liberté provisoire le 16 août de la même année pour raisons médicales. Évacué depuis en France, il n’est jamais rentré en RDC et a donné mandat de représentation à ses avocats pour son procès, qui a repris le 9 août dernier. Selon son entourage, « Fantomas » estime que les conditions d’un retour ne sont pas réunies. Il a donc décidé de rester à l’étranger – un « exil forcé », à l’en croire.