Moïse Katumbi : « Kinshasa, c’est aussi chez moi ! »
Candidat à la présidentielle du 20 décembre face notamment à Félix Tshisekedi, l’ancien gouverneur du Katanga a tenu meeting dans la capitale congolaise.


Publié le 10 décembre 2023Lecture : 3 minutes.
Ceux qui attendaient Moïse Katumbi place Sainte-Thérèse, au coeur de la commune de N’djili, auront dû s’armer de patience : le meeting, prévu à 8 heures, a finalement débuté à 16 heures, ce samedi 9 décembre. Ceux qui l’ont accompagné depuis l’aéroport jusqu’au lieu du rassemblement auront dû, eux, faire preuve d’endurance : ils ont parcouru à pied les quinze kilomètres qui séparent les deux lieux.
Contre Félix Tshisekedi, « la VAR » !
La veille encore, Moïse Katumbi se trouvait à Masimanimba, dans la province du Kwilu. Borsalino vissé sur la tête, il est arrivé à Kinshasa pour la 26e étape de sa tournée de campagne sous un soleil suffoquant. Bien décidé à convaincre les électeurs congolais de lui accorder leur confiance, le 20 décembre.
Devant près de dix mille personnes, le président du Tout-Puissant Mazembe, l’emblématique club de Lubumbashi, ne s’est pas privé d’emprunter au vocabulaire footballistique. Dans un lingala parfois approximatif, il a égrené « les échecs » de Félix Tshisekedi, le chef de l’État qui brigue un second mandat, s’amusant à réclamer une « VAR », une assistance vidéo à l’arbitrage. Inflation, vie chère, pénurie d’eau et d’électricité, dépréciation de la monnaie nationale, corruption… Pour Katumbi, Tshisekedi n’a pas su tenir ses promesses.A lire :
Comment le pouvoir a changé Félix Tshisekedi
« Allez-vous continuer à vous nourrir de fausses promesses et de mensonges ? a-t-il lancé à la foule. J’ai la mission divine de sauver le pays ! »
« Candidat de l’étranger »
Accusé par le président et son entourage d’être le candidat de l’« étranger », voire de ne pas être congolais depuis que le vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba lui a demandé des « éclaircissements » sur l’acquisition présumée d’un passeport zambien, Moïse Katumbi ne s’est pas laissé abattre. « Ils disent que je suis le candidat de l’étranger, [mais] qui a effectué 666 voyages à l’étranger ? », a-t-il taclé à l’endroit de Félix Tshisekedi. Et de renchérir, en s’adressant cette fois-ci à Jean-Pierre Bemba : « Vous connaissez tous les rebelles qui ont pris les armes contre Mzee Laurent Kabila. Moi je n’ai jamais pris les armes, Katumbi est un enfant de Dieu ! »A lire :
Présidentielle en RDC : Martin Fayulu, la revanche dans la peau
Avec plus de cinq millions d’inscrits, Kinshasa est de loin la province qui compte le plus grand nombre d’électeurs. Le contrôle de la capitale sera l’une des clés de la victoire. Moïse Katumbi, bien implanté dans l’ex-Katanga, doit prouver qu’il peut faire un bon score face à Félix Tshisekedi ou encore face à l’opposant Martin Fayulu. Ce dernier y a effectué de très bons scores il y a cinq ans et, depuis 2006, la ville est majoritairement acquise à l’opposition.
Avec Félix Tshisekedi, la donne va-t-elle changer ? L’actuel président est lui-même issu des rangs de l’opposition et n’a pas eu du mal à remplir le stade des Martyrs le 19 novembre pour le lancement de sa campagne électorale.
Enfant chéri de Kinshasa
« On a voulu nous intimider pour ne pas venir à Kinshasa… Je suis arrivé par défi, car c’est aussi chez moi », a lancé Moïse Katumbi, entouré de Matata Ponyo Mapon, Delly Sesanga et Seth Kikuni – tous trois se sont désistés en faveur de sa candidature. À ses côtés aussi, Jean-Claude Mvuemba, le président de l’Assemblée provinciale du Kongo-Central, et Trésor Mputu, l’ancienne star du TP Mazembe, candidat à la députation nationale dans le district populaire de la Tshangu qui l’a vu grandir. Moïse Katumbi compte sur l’enfant chéri de Kinshasa pour y récolter un maximum de voix.A lire :
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Lors de son meeting, Moïse Katumbi a promis de faire de la capitale congolaise « le miroir de l’Afrique », d’y construire trois stades et des viaducs plus modernes.
Libérer Stanis Bujakera Tshiamala
Moïse Katumbi a aussi a dénoncé l’assassinat de Chérubin Okende, le porte-parole de son parti retrouvé mort mi-juillet. Il a également promis de faire libérer Mike Mukebayi et Salomon Idi Kalonda, deux de ses collaborateurs en détention depuis plusieurs mois. Mais aussi l’ancien président du parti de Tshisekedi, Jean-Marc Kabund, et le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala. Notre correspondant à Kinshasa est incarcéré depuis trois mois et jugé notamment pour « faux en écriture » et « propagation de faux bruits ».