Profanation du mausolée Lumumba : qui a une dent contre le héros congolais ?
Dans la nuit de dimanche à lundi, la bâtisse érigée en hommage à Patrice Lumumba a fait l’objet d’une effraction. Les agresseurs cherchaient-ils la dent en or de l’ancien Premier ministre congolais ? Choquée, la famille rassure tout de même sur ce point.
- Damien GlezDessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 novembre 2024Lecture : 2 minutes.
Lundi matin, en RDC, en apprenant que des vandales s’étaient introduits dans le mausolée de Patrice Emery Lumumba, les inconditionnels de l’ancien Premier ministre avaient immédiatement craint que sa dent en or ait été dérobée. Il leur avait fallu attendre 61 années pour que ladite dent, unique relique du corps du leader indépendantiste, soit restituée, par la Belgique, aux autorités congolaises. Mais après quelques heures d’une inquiétude palpable dans le grand public, la fille de Lumumba, représentante d’une famille qui s’était dite « choquée » et « attristée », a assuré que la dent était en sécurité.A lire :
RDC : la dent de Patrice Lumumba a-t-elle été dérobée ?
Primo, c’est manifestement en vain que les assaillants auraient bousculé le cercueil, après avoir brisé les vitres de la chambre mortuaire. Secundo, Juliana Lumumba révèle aujourd’hui que, de toute façon, des inquiétudes planaient déjà, avant la profanation, sur les conditions de sécurité du lieu. À titre préventif, la famille avait donc déplacé la dent dans un endroit plus sécurisé.
Un mythe indéboulonnable
Surmonté d’une statue imposante, le bâtiment commémoratif de verre et de béton a été érigé au pied de l’échangeur de Limete, aux portes de Kinshasa. Il était donc censé héberger la relique qui avait été exposée dans différentes régions du pays, en juin 2022, avant que celle-ci ne soit officiellement déposée dans le mausolée.
Membre de la courte liste des leaders panafricanistes restés célébrissimes, figure centrale de l’indépendance du Congo belge, Patrice Lumumba avait été déchu de son poste de chef du gouvernement, fusillé au Katanga le 17 janvier 1961, avant que son corps ne soit dissous dans de l’acide et que l’exécuteur de cette basse besogne, l’officier de police belge Gérard Soete, ne confie avoir conservé une dent en guise de souvenir.
La culture congolaise piétinée
La portée symbolique de l’effraction du mausolée est largement aussi importante que l’évaluation des dégâts matériels. Sur la question du respect des sépultures, la famille de Lumumba a tenu à condamner un acte de vandalisme qui « ne représente pas du tout » la culture congolaise. Et l’enquête policière déterminera si ce fait divers à une dimension politique.A lire :
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba était assassiné
Qu’auraient donc fait les cambrioleurs de la dent, pour peu qu’il l’ait trouvée ? Cette violation d’un monument national n’était-elle motivée que par la quête de quelques grammes d’or à refondre ou quelque fétichiste était-il prêt à y mettre le prix en toute discrétion ? Par leur ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, les autorités congolaises ont déjà annoncé l’arrestation de six suspects qui auraient été présents sur les lieux. Deux autres individus seraient encore recherchés.