RDC : pour Vital Kamerhe, « Félix Tshisekedi ne poursuit pas de troisième mandat »

Reçu pendant plus de deux heures par le chef de l’État congolais le 9 décembre, le président de l’Assemblée nationale ne s’est pas clairement prononcé en faveur d’une modification de la Constitution. Tout en affirmant avoir obtenu l’assurance que Tshisekedi ne chercherait pas à rester au pouvoir.

Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi Kinshasa, le 03 juin 2024. © Présidence de la République de RDC
Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi Kinshasa, le 03 juin 2024. © Présidence de la République de RDC

Publié le 10 décembre 2024Lecture : 3 minutes.

Il ne restait plus que lui. Ces derniers jours, chaque membre du présidium de l’Union sacrée, l’organe chargé de la gestion de la coalition au pouvoir, a pris position dans le débat sur la réforme constitutionnelle voulue par Félix Tshisekedi, et Vital Kamerhe se savait attendu au tournant.

Le président de l’Assemblée nationale a finalement été reçu par le chef de l’État, le 9 décembre. Cette rencontre, initialement prévue deux jours plus tôt, a duré plus de deux heures. Et à la sortie de l’entretien, Vital Kamerhe s’est exprimé face à la presse présidentielle pour résumer le contenu de sa discussion avec le chef de l’État. Un échange au cours duquel ont été évoqués la révision et le changement de la Constitution.

Cette prise de parole face aux journalistes a beau avoir duré plus de dix minutes, seul un extrait de deux minutes a été diffusé à la télévision nationale. Dans ce court passage, Vital Kamerhe se contente d’affirmer que la réforme constitutionnelle ne devrait pas être considérée comme un tabou. « La révision est une disposition encadrée dans notre Constitution. L’article 218 en détaille les modalités« , déclare-t-il notamment. « Alors où est le péché ? Nous sommes dans la légalité constitutionnelle », reprend-il en appelant à un dialogue constructif.

Une version expurgée…

Ces déclarations, qui laissent entendre un soutien pur et simple à la démarche du président, sont pourtant plus nuancées dans la version intégrale et non diffusée de l’interview – audio auquel Jeune Afrique a eu accès. Kamerhe y parle de sa relation avec Félix Tshisekedi, qu’il qualifie de « partenaire » et « d’allié ». Insistant sur sa proximité avec le président, le patron de l’Union pour la nation congolaise (UNC) explique l’avoir interrogé sur « sa vraie pensée » et assure avoir reçu des assurances de sa part. « Le président ne veut pas s’éterniser au pouvoir, il ne poursuit pas de troisième mandat. Tout ce qui le préoccupe, c’est d’avoir un cadre qui puisse lui permettre de répondre aux attentes du peuple congolais sur le plan sécuritaire, socio-économique et sur le plan du développement. »A lire : 

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Depuis qu’il a officialisé son projet de réforme constitutionnelle, Félix Tshisekedi a plusieurs fois affirmé qu’il ne cherchait pas à se maintenir au pouvoir, sans pour autant réussir à convaincre ses adversaires politiques, qui tentent actuellement de se structurer en un front commun.

Un adversaire pour 2028 ?

Les intentions du chef de l’État soulèvent aussi des débats au sein de la majorité, où certains cadres, comme Vital Kamerhe, sont soupçonnés de nourrir des ambitions pour l’élection présidentielle de 2028. Si le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et son secrétaire général, Augustin Kabuya, militent désormais ouvertement pour un changement de la Constitution, d’autres poids lourds sont plus mesurés.

Le 4 décembre, Jean-Pierre Bemba s’est ainsi prononcé en faveur d’une révision de quatre articles de la loi fondamentale, avant de se raviser et d’ouvrir la porte à un changement. Le 8 décembre, l’ex-président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, s’est borné à se dire prêt à participer aux travaux de la future commission censée plancher sur le texte. En conclusion de l’extrait non diffusé de son interview du 9 décembre, Vital Kamerhe s’est montré un peu plus clair : « À ce stade, on ne peut pas dire que le président de l’Assemblée nationale est allé à la présidence et a demandé que l’on change la Constitution ou que l’on révise ceci ou cela. » Si soutien il y a, il n’est donc exprimé que du bout des lèvres.

By Habari

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