En RDC, le gouvernement demande la dissolution du parti de Joseph Kabila

Après avoir annoncé la suspension des activités du PPRD, le gouvernement congolais a, selon un document consulté par Jeune Afrique, engagé une procédure de dissolution à son encontre.

Joseph Kabila à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS
Joseph Kabila à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS
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Publié le 7 mai 2025Lecture : 2 minutes.

Alors que la tension continue de monter entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, le gouvernement congolais semble déterminé à ouvrir un front judiciaire contre l’ancien président. Soupçonné d’être l’un des parrains de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), la vitrine politique de la rébellion du M23, Joseph Kabila est accusé de « trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité » par les autorités congolaises. Ces dernières ont annoncé, le 30 avril, avoir demandé au Sénat de lever les immunités de l’ex-chef de l’État (en sa qualité d’ancien président, Joseph Kabila occupe un poste de sénateur à vie).

En parallèle, le gouvernement tente, plus discrètement, de priver le raïs de ses relais politiques en RDC. Le 24 avril, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a adressé une requête officielle au procureur général près la Cour constitutionnelle. Dans ce document, consulté par Jeune Afrique, il demande au magistrat de procéder à la dissolution du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation de Joseph Kabila, que le ministre accuse de « violations graves des textes constitutionnels, législatifs et réglementaires ».

« Obligation de réserve »

Pour justifier sa démarche, Jacquemain Shabani évoque notamment le ralliement de plusieurs figures du PPRD à l’AFC/M23, au détriment « de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC ». Le ministre évoque aussi le cas de Joseph Kabila, revenant sur ses différentes déclarations, dont sa tribune dans le journal sud-africain Sunday Times. Selon Jacquemain Shabani, cette dernière visait à « décharger le M23 des crimes odieux qu’il commet [en RDC] ». Aubin Minaku, récemment nommé vice-président du PPRD, est aussi accusé d’avoir tenu des propos polémiques lors d’une manifestation en février au cours de laquelle il a affirmé que le parti est « prêt à tout » pour faire tomber le régime en place.A lire : 

RDC : le PPRD de Joseph Kabila, de parti présidentiel à paria

Enfin, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur revient sur l’annonce du retour de Joseph Kabila en RDC, par Goma, le 18 avril. Ce retour n’a beau jamais avoir eu lieu, la séquence a suscité l’ire des autorités congolaises qui ont annoncé le lendemain la suspension des activités du PPRD pour quinze jours. Dans son courrier du 24 avril, le ministre affirme que l’ex-président a manqué « à son obligation de réserve, de dignité, de patriotisme et de loyauté envers l’État ».A lire : 

RDC : pour Joseph Kabila, un retour au goût de revanche

Cette requête aboutira-t-elle ? Elle est en tout cas formulée dans un contexte diplomatique chargé. Revenu à Harare après avoir notamment séjourné en Eswatini, Joseph Kabila a échangé le 2 mai avec l’ex-président nigérian, Olusegun Obasanjo. Facilitateur pour le compte de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), ce dernier plaide pour un dialogue intercongolais.

By Habari

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