RDC : Une arrestation qui ne passe pas
- Dans Société
- 7 août 2022
- Hubert Leclercq
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Samedi 6 août, en pleine nuit, vers 4 h du matin, les forces de l’ordre congolaises sont intervenues dans le quartier populaire de la Tshangu, à Kinshasa, pour interpeller Marie Masemi, 69 ans.
Motif de cette interpellation musclée, cette femme est accusée de “diffamation”. Elle sérait détenue dans un commissariat provincial de Kinshasa, où elle a passé tout le week-end, “pour insultes et propos diffamatoires contre les autorités”, selon un responsable de la police. Militante du parti Ecide de Martin Fayulu, la “maman” a multiplié les critiques contre le clan présidentiel et la politique de la majorité dans diverses interventions sur les chaînes de télévision et internet locales. “Elle a critiqué la femme du Président comme elle s’était moquée un jour du président de l’Assemblée nationale. Visiblement, le crime de lèse-majesté est de retour au Congo”, explique un proche qui réclame sa remise en liberté. Et il n’est pas le seul. Martin Fayulu a parlé sur Twitter d’un “enlèvement” “dégoûtant et inadmissible”.
Joseph Olenghankoy, le patron du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA), est aussi sorti de sa réserve pour appeler à la libération de cette femme, toujours détenue ce dimanche soir. “C’est inacceptable. La liberté d’expression est un bien précieux. On ne peut pas arrêter des gens, encore moins des mamans pacifiques, même si elles sont engagées, pour leurs propos. Quel régime peut se permettre de telles outrances ?”
Pour Me Hervé Diakese, avocat à Kinshasa, “il suffisait de lui envoyer une convocation. Cette dame n’allait pas s’envoler. C’est une dérive de plus d’un régime de plus en plus autoritaire”.