Conclave de l’opposition à Genève : Bemba, Katumbi et Muzito les grands vainqueurs

Hors course de la présidentielle prévue le 23 décembre 2018, l’ex vice-président de la République Jean Pierre Bemba Gombo et l’ex gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe, et dans une moindre mesure l’ex Premier ministre Adolphe Muzito ; sont les grands gagnants des conclusions du conclave de l’opposition, tenue à Genève en Suisse du 9 au 11 novembre, et qui a désigné, à la surprise générale, l’opposant radical Martin Fayulu Madidi comme candidat commun de l’opposition congolaise.
Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, les deux favoris, ont été neutralisé par leurs partenaires de l’opposition.
C’est donc la ligne dure de l’Opposition (celle du boycott) qui a triomphé à Genève au détriment de la ligne réaliste (celle de la participation aux élections malgré les faiblesses du processus électoral).
Le schéma de Genève est clairement anti-élection tel que le processus électoral est conduit par la CENI (commission électorale nationale indépendante).
En lisant l’accord de Genève, on s’aperçoit que la rethorique va-t-en guerre de 2016 avec le retour de la menace-phare, celle d’actionner l’article 64 est à nouveau brandie, en cas notamment de non abandon de la machine à voter.
L’autre engagement fort pris par les 7 principaux leaders de l’opposition, il y a aussi la révision constitutionnelle.
Les opposants parlent du retour à l’ordre institutionnel de l’Accord global et inclusif de 2002.
En clair, les opposants exigent le rétablissement d’un scrutin présidentiel à deux tours, supprimé en 2011 par le pouvoir.
L’autre combat de la cette nouvelle plateforme, c’est l’inclusivité des élections.
Pour Katumbi, Bemba et Muzito, les élections ne sont pas inclusives tant qu’ils n’y prennent pas part.
Cette position est discutable même si ils ont été disqualifiés de manière injuste.
Ces revendications ne sont pas vraiment nouvelles. Le pouvoir y est pourtant resté sourd et les a ignorées. Ce n’est pas à deux mois des élections que le régime Kabila va plier.
Malgré les pressions internes (marches) et externes (sanctions occidentales), le pouvoir est resté droit dans ses bottes.
Où les opposants vont-ils trouver un nouveau souffle pour mobiliser, de façon exceptionnelle, la population autour de leur nouvel agenda ?
La dernière marche de l’opposition a été un échec.
Une partie des congolais est démobilisée depuis que le président Kabila, qui cristalise les passions, ait déclaré en août qu’il ne se représentera pas en prenant le soin de choisir son dauphin.
Ce qui fait dire au cadres de la majorité présidentielle que les opposants veulent de nouvelles négociations qui déboucheront sur une nouvelle transition, et partant un nouveau report des élections après les deux déjà intervenus.
La majorité présidentielle est favorable à l’inclusivité des élections à condition que le président Kabila doit éligible.
La majorité présidentielle aura donc deux revendications en cas d’un nouveau cycle des négociations : retour de Kabila dans le jeu politique et levée des sanctions.
Malgré lui, Fayulu, connu pour sa radicalité, est le porte-parole idéal du combat de Bemba et Katumbi.
Zabulon Kafubu